Ma colère a des racines Et s´épanche sur la canopée Elle est ma sève et ma résine.
C´est un pur-sang aux crins de ronces Qui, dans les plaines de ma poitrine, part galoper. Ma colère est une forteresse Dont j´ai obstrué les meurtrières, Un monument dont la porte laisse S´échapper quelques réponses Aux questions nourries de peur qui naissent dans vos prières. Quand elle résonne, Elle peut disperser la grisaille à l´horizon Et j´en frissonne. Elle peut déverser la mitraille sur tous les fronts Mais me fait lutter dans la joie. Ma colère ! Elle ébranle mon ouverture, elle est ma colonne vertébrale.
Elle garde mon esprit en alerte, fait qu´il reste à la verticale. Elle est mère de ma vigilance, épidermique et urticante, Car plus j´y pense, plus elle décante et plus j´ai la paix radicale. Elle ne tolère plus les discours, le mensonge et les portes-étendards. Elle ne peut plus feindre l´amour. Elle vit de songes hors des camps, loin des décors de carton-pâte. Elle est ma quête de vérité. Elle m´a laissé au seuil du Monde face à ma seule humanité. Quand elle résonne, Elle peut disperser la grisaille à l´horizon Et j´en frissonne. Elle peut déverser la mitraille sur tous les fronts