Tout à l´envers, bien sûr, tout dans le négatif Tout à l´envers, bien sûr, tout dans le négatif C´est dans le négatif que je mets à la voile
Dans une mer d´acier où les nageurs s´étoilent Comme une tache d´encre de Chine éclatée Une tache pliée qui va faire sa toile Comme une araignée Une araignée surréaliste
Demain, demain, demain, demain Comme une fleur venue d´on ne sait où, petit Fanée déjà pour moi, pour toi dans les vitrines Dans un texte impossible à se carrer au lit Ces fleurs du mal, dit-on, que tes courbes dessinent Vos constitutions, ma constitution J´ai la constitution d´un âne de trente ans C´est vous dire l´objectivité de mes braiments Vos morales toujours les Vôtres Votre café au lit au croissant au petit coup, jette-m´en donc encore un p´tit
Vos chemises échancrées qui plissent sur le pressing, le premier à gauche dans votre quartier Les pressings de droite, tu ne peux pas les supporter, ils plissent de travers, t´as l´air d´un cerf-volant Tout ce qui vous muselle Tout ce que vous adorez Tout ce qui est votre mort quotidienne Je suis ma mort Tu es ta mort Il est sa mort Nous sommes notre mort Et votre mort aussi Quant à leur mort, qui s´en prévaut ? Tout cela pour moi, tout cela, c´est terminé Demain, demain... De l´autre côté de la Terre, il y a des chevaux qui ont des problèmes
Ceux que nous leur prêtons, les mêmes qu´ici Le sentiment de ta mort, je te ferai voir, moi, ce que c´est Les rides, les rides, le souffle un peu en rade Le terrible petit bruit dans ton échine quand tu te baisses Sur les lacs, les chevaux mangent des fleurs fanées Et leurs photos se reflétant dans l´eau triste Leur reviennent leur museau tout embrumé Demande donc une douzaine de chevaux à ton fleuriste La graisse de cheval ça va pour les gâteaux, ça se digère mieux Quant à tes rots, ils sentent la pampa Et tu es bien content, tu aimes les chevaux, pas vrai ? Tu aimes les chevaux, pas vrai ?
Demain Un mot, un fauteuil désossé, et même au premier rang les fauteuils se désossent Tu me verras d´en bas, tu monteras vers moi Tes yeux désorbités, je les prendrai au lit Le matin avec du bacon, comme une médecine Et je verrai le rien vers quoi tu tends les bras depuis des temps Par le biais de tes yeux Tu n´es qu´une voyeuse et moi, je suis l´oiseau Méfie-toi du rapace là-haut qui te déniche Une chanson parlée d´une voix mesurée au métronome des grands vents du nord battant sur la chaussée d´une ville perdue Un chagrin qui s´étale et fait plouf dans la rue, à midi, et que tu ne vois pas Un violoncelle en paille pour faire ton ménage en musique, en sonate et en caramel mou
Une fille extasiée dans un coin de porte et se signant à l´approche du voleur de filles Une lettre postée trop tôt et que le collecteur du courrier à Paris à dix-sept heures trente ne voudra pas te rendre Parce qu´il ne te connaît pas Une eau glacée qui te surprend et que tu insultes et que tu adores et que tu réchauffes Le tube d´aspirine que tu manges en te grattant la tête et en cherchant de côté un regard fraternel Cette bouteille d´eau minérale qui ne vient même pas de la Terre Demain, demain... Cette auto qui dérape et qui engorge l´autoroute Requiem macadam, j´ai payé l´assurance Avec l´attestation dans leur mort, tu boufferas ce soir des chevaux blêmes
Avec leur bave de fatigue à leur mufle distant ils te regarderont La mort, quand ça regarde, a l´air d´un cheval triste
Demain, demain... Et tout ce sang que le peintre a mis sur ta palette Et tous ces cons qui vivent avec notre commisération Et tous ces cons qui dévirent lentement leur condition de con La grande pelote de la connerie Et tous ces cons qui n´aiment que les fleurs télévisées, bien filmées, bien cadrées à la télévicon Et tous ces cons qui vivent hier et avant-hier et y a cent mille ans
Et tous ces cons qui font que je me dis que si Dieu existait, il ne pourrait être que cons