Souviens-toi des souliers usés, des vendredis Et l´poisson qui s´rendait sur la table à midi Et qu´il marchait tout seul, qu´il n´était pas poli Frais ou pas le maqu´reau faut qu´ça fass´ des chichis
Souviens-toi des jeudis et de la mèr´ Larousse Le frangin à rabat comme un flic à tes trousses Et la plum´ qui grattait sous l´oeil de ce bandit Qu´une certaine envie mettait à ta merci
L´enfance
C´est un chagrin cueilli de frais C´est un jardin, c´est un bouquet, C´est des épin´s aussi L´enfance C´est l´Paradis dans du cambouis C´est des caress´s au fond d´la nuit C´est un´ leçon d´ennui L´enfance C´est des copains qu´on a perdus C´est des p´tit´s mômes qu´on n´a pas eues C´est un´ chanson toute nue
L´enfance L´enfance C´est un jouet qui s´est arrêté C´est l´innocence rapiécée C´est toujours ça d´passé L´enfance
Souviens-toi des frangin´s qu´avaient mêm´ pas dix piges Dans la nuit retrouvée on jouait à s´fair´ la pige Mêm´ qu´ell´s étaient girond´s avec leurs yeux barrés Juste en d´ssous comme une ombre, comm´ le fard du péché Souviens-toi des silenc´s au fond des corridors Et ce halètement divin, j´ l´entends encor Et puis la nuit fidèle à s´rapp´ler ces trucs-là
Et cett´ foutue mémoir´ qui me tient par le bras
L´enfance C´est un pays plein de chansons C´est le remords de la raison C´est la folie aussi L´enfance C´est l´enfer sous le tableau noir C´est Tahiti dans un dortoir C´est l´âme de la nuit L´enfance C´est un oiseau qu´on a manqué C´est un chat qu´on a chahuté Et c´est la cruauté L´enfance L´enfance C´est jour après jour quitter l´ombre Et vers la proie et vers le nombre
C´est apprendre à frapper L´enfance
Souviens-toi des bonbons et puis du Pèr´ Noël De la toupie qui tournait qui tournait qui tournait Qui tour... nait qui tour... nait qui tour... nait qui tour...