Sans latitude, sans un sou, le cul cloué À cheval sur l´Atlas où mes filles besognent J´ai l´œil morne du voyageur qui s´est gouré Et qui rentre au bordel pour vider sa vergogne
Le slip barricadé et la pantoufle au vert Des cover-girls vissées au mur qui se lamente Une bible qui bâille un psaume de travers Et ma feuille d´impôts qui me ronge la rente
Il pleure dans ma cour des chats de Tahiti Des clitoris germains, des lèvres sous-marines Et ma sirène m´accompagne dans le lit Au son du pot-au-feu qui meurt dans la cuisine
Dans ses yeux Niagara, je noie l´alexandrin Dans sa gaine, je sens pourrir toute l´Afrique Mon sexe géographe et la carte à la main Je la viole à New York et m´endors en Attique
J´ai fait l´amour avec Saturne au Bal à Jo L´accordéon crissait des javas hérétiques Sur le mont de Vénus et ma croix sur le dos
Je suis mort cette nuit en fumant des Celtiques
Neuilly, Honolulu, mon sperme s´est caillé J´ai shunté ma goualante aux îles Carolines Et porte ce matin mes sens dépareillés Au lave-heure du coin où sèche Proserpine
Les fleurs de Nouméa se fanent à Paris Les robinets suintants musiquent des tropiques Je suis là et mon âme est coincée à demi Entre un vieux pull-over et des couilles laïques
J´ai un railway dans l´âme et je tourne de l´œil Vomissant alentour mes reliefs migratoires La voie lactée a fait pipi dans son fauteuil Et je me suis cassé la gueule dans le square
Miserere de l´avenue aux pieds rivés Des albatros venus d´on ne sait où jouissent Des rimes de nylon au cul du vieil été Qui se meurt dans le ciel en vieilles cicatrices
Il y a des astres retraités chez Ripolin Qui cherchent un emploi en dorure sur tranche Et des étoiles d´or qui sont dans le pétrin Ça pue l´éternité sur les façades blanches
Ah ! l´avion qui là-haut métallise l´azur Les coliques de Dieu dégueulent du pétrole Je crois en toi, Seigneur, et j´ai mal au Futur Au quatre cent vingt-et-un, j´ai paumé l´Acropole
Le soleil s´est couché ce soir, avec ton gars Le fils de l´homme avait du spleen dans sa musette
Un vieux compte à régler avec la lune en bas Qui se soûlait la gueule avec un faux poète