💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

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Artiste : Léo Ferre
Titre : Paris
L´Europe s´ennuyait sur les cartes muettes
Des pays bariolés chercheurs d´identité
Couraient à leur frontière y faire leur toilette
Paris n´existait pas alors ils l´inventaient

Paris claquait comme une main
Sur le visage de la terre
Et les clients les plus malins
Venaient y lire leurs misères
De Vaugirard à Levallois
Des Lilas jusqu´au pont de Sèvres
Paris portait sa grande croix
Dorée par des millions d´orfèvres
La tour Eiffel jouait aux dés
Sa ridicule nostalgie
Les Tuileries se démodaient
Au souvenir des panoplies
Et de l´Étoile au Panthéon
En bataillons imaginaires
Des héros passaient en veston
L´esprit français faisait la guerre

Le canal Saint-Martin qui rêvait à la Seine
Havre des assassins et des amants perdus
La Seine s´ennuyait là-haut au Cours-la-Reine
Foutant l´ camp vers Auteuil pour qu´on n´en parle plus

Clochards mendiants cour des Miracles
Seigneurs patentés de la nuit
Qui finissez tous vos spectacles
Au rideau des ponts de Paris
Émigrés d´Europe centrale
Des Amérique(s) ou bien d´ailleurs
Qui refaites vos initiales
L´identité n´a pas d´odeur
Ouvriers, Artisans, Poètes,
Enfants chéris de l´amitié
Enfants d´Auteuil, de la Villette
O comme vous vous ressemblez

D´ la gar´ de l´Est qui se mourait
Dans les fumées épileptiques
Les aiguillages étranglaient
Tous les requiems germaniques.

Les autos et les gens le soir à Saint-Lazare
Jouaient leur grand´ passion pour des christs en képis
Passagers d´occasion, visiteurs à fanfares,
Le monde est trop petit pour contenir Paris.

Ceux qui changeaient à République
Avaient les sangs tout retournés;
Y´a des mots qui font d´ la musique
Et qui dérangent l´alphabet.
Car le métro à Stalingrad
Roulait des souvenirs lyriques
Certains en prenaient pour leur grad´

Au portillon automatique.
Colonel Fabien, Bonsergent,
Vocabulaire de la gloire:
Petit Larousse devient grand
Paris a pas mal de mémoire.
Vers Opéra, vers Madeleine
Discrètement s´en sont allés
Ceux qui filaient encor la haine
A leurs quenouilles périmées.

Débiteurs de Paname encombrés de créances,
C´est au quartier Latin qu´on pointera vos "i"
De Saint-Germain-des-Prés pour signer vos quittances
En quelques vers français nous rimerons Paris.

Cette nuit-là Paris portait
Toutes les femmes en gésine

Les gavroches qui en sortaient
Au Sacré-Coeur sonnaient matines
Et les aveugles de Paris
Se sont pendus à ma défroque
Dans leurs yeux blancs en travestis,
Se reflétaient d´autres époques.
Paris d´Hugo et de Villon
Paris qui pleure de Verlaine,
Le peuple change à la Nation
Le Caporal à Sainte-Hélène
Des bas-fonds de la délivrance
Montait un chant désespéré
La capitale de la France
Réinventait la liberté liberté liberté liberté.