Et tout ce que tu veux n´appartient qu´aux couleurs Aux oiseaux de la nuit quand la nuit te fait femme Au vent qui reverdit sous l´arche de la peur
À la mer qui rougit et qui fourbit ses armes
Aux marins qui ressemblent aux enfants de la mer À cette herbe exaucée qu´on dit du pain des hommes À la dune qui croit que le sable c´est elle Alors qu´il n´appartient qu´aux amants qui l´effacent
Aux chansons de ces ports où l´on ne va jamais Aux ombres dans les soirs qui se prennent pour toi Aux passions des insectes dans les slows de l´été Aux raisons de l´amour que les fous te proposent
À la folie consciente et barrée au feu rouge Au vert qui s´habitue à voir d´outre saison
Aux désordres passés dans la machine à songes À l´oubli de te regarder dans ton vison
Au rien qui te fait toi quand tu ne crois en rien À ces chants de la nuit à l´agonie des choses À l´ombre que j´emploie à tant t´illuminer Au mal qui fout sa gueule au fond d´un poudrier
Et tout ce que je veux n´appartient qu´aux jardins À la fleur qui ressemble à la fleur que j´invente Aux parfums de la nuit qui me prennent la main Pour te cueillir là-bas quand ta marée fermente
À moi qui t´apparais comme une source vive À l´avion qui s´en va dire un chapelet morse
Au carême dedans ton ventre et tes coursives Quand la tempête te ranime et t´invective
Au silence du temps qui compte tes silences À la musique ténébreuse de la chance À cette huile qui coule au fond de l´habitude À ton savoir contraint devant la lassitude
À ces bas que tu tires en haut des privilèges À la pudeur inscrite en bas de ta culotte À ce tissu violé par mes doigts de violettes À ton jardin ouvert la nuit pour mes emplettes
Au canevas surpris dans ta chambre en dentelle Au cœur de ce triangle où coule l´isocèle À la géométrique envie de t´empaler À la mouette qui te mange à la marée
Et tout ce que tu veux n´appartient qu´aux enfants À la rue aux lumières douces de l´envie Aux chagrins inventés par un pli de vertu Au vice généreux qui t´habille et te plie
Au sourire de Dieu qui s´en va dans ta tête À ta main qui remonte au-delà de la fête Au rire exténué des mirages partis Au sommeil qui te prend dans le fond de ton lit
Aux pratiques du geste aux façons de salir À la blancheur têtue au soir qui te fait belle À tes cris en allés vers des ombres fidèles À ce rien qui t´embarque et qui te fait pâlir
À tout ce qui n´est tout qu´au fond de l´habitude
À ce rien qui te fait princesse ou misérable À cette remontée du fond de la pâleur Quand le printemps remet de l´ordre dans ta fleur
À ces halètements d´une chambre d´hôtel À cette voie lactée où tu te sens mouillée À ces cris de la fin qui n´en finira pas À tout ce que tu veux qui n´appartient qu´à toi