Dans l’usine qui turbine La machine fait du bruit De mes pièces qui se pressent Dans la caisse l’acier luit Mécanique et cynique
Je la fabrique sans répit A la chaine dans la peine Dans la haine du profit Cigarette, Allumette Chansonnette, Ca va mieux Ah ! Misère sur la terre Pourquoi faire ? Nom de Dieu!
Mais je baille, je trainaille Je travaille sans ardeur Marche, crève, pas de trêve Pas de rêves de bonheur Chronomètre, contremaître Sont les maîtres du destin Ils me mènent, ils m’entrainent Ils m’enchainent mes deux mains Les vacances, le silence L’espérance des amours
La rivière, son eau claire Sa lumière, quinze jours
Et ce songe, ce mensonge Me replonge dans l’enfer Où nos rondes se confondent Dans un monde tout en fer Ma machine se débine Dans l’usine je la suis Et mes pièces se redressent Dans la caisse et s’enfuient Mon amie, ma jolie Ma chérie tu viendras Dans ma piaule où se frôlent Nos épaules, on s’aimera