C´était une pauvre enfant trouvée, Sans nom, sous un´port´comm´un chien, De braves gens l´avaient élevée Et comme leur fille ils l´aimaient bien. Quand sa maman la mit au monde,
Ça d´vait êtr´un matin d´soleil. Comm´l´astre elle était belle et blonde, Sa joie mettait l´coeur en éveil.
On l´appelait "Fleur d´atelier" Sa chanson calmait nos misères, Car elle savait fair´oublier Le souci des heures amères. Avec sa p´tit´rob´de quat´sous, Elle était si fraîche et jolie, Qu´un beau matin j´en devins fou Et j´sentis qu´a´était pour la vie ...
Mais un soir de paye, tout´palote, Elle fit son paquet, sans un mot. A tous elle tendit s menotte, Ça m´donna comm´un coup d´marteau. "C´est pas possible, faut que j´vous voye,
Balbutiais-je, vous nous quittez ?" "C´n´est pas moi, dit-elle, on m´envoye," Puis elle se mit à sangloter.
"Pauvre petit´Fleur d´atelier, Lui dis-je, pourquoi tant d´alarmes, Ah, vous pouvez me les confier, J´donnerais tout pour un´de vos larmes, Dam´, si je n´suis pas bachelier, Je sais comprendr´tout´les misères Et j´veux vous les fair´oublier, A deux les pein´s sont moins amères."
Entre trois mots, elle conta sa faute : Toujours la même, l´fils du patron ... Des serments, un souper d´la haute, Bientôt mère, enfin l´abandon ... "Vous Mamelle" ,fis-je, d´un air stupide,
"C´est mal mais n´pleurez pas pour ça, J´ai du coeur, j´suis honnête, solide, Si vous voulez, on s´mariera."
Prenez garde, oh, "Fleur d´atelier", Un matin, le séducteur passe, Il parle bien, vous le croyez, Mais de vous, bien vite il se lasse. A cet homme, à ce sans pitié, Qui vous traite ainsi qu´une fille, Préférez un brave ouvrier Qui f´ra d´vous une mère de famille ...