Je ne reviendrai plus dans le quartier des Halles. Mes diables sont partis, pour Dieu sait quel enfer Les touristes ont marché sur les derniers pétales
De nos derniers bouquets, on ne peut rien y faire Je ne suis pas client pour les pèlerinages Bien le bonjour chez vous ! Je ne reviendrai plus J’emporte mes souv’nirs avec le paysage Le passé dans ma poche et mon mouchoir dessus
Lèvres couleur de sang et du velours aux chasses La belle sans merci fumaille en rêvassant Au pas lent des années j’étais celui qui passe Mais de Sainte Apolline au Square des Innocents On ne me verra plus jamais traîner mes guêtres
Au gré des muscadets de quatre heures du matin Avec mon cinéma tout vivant dans ma tête Et l’étincelle froide au regard des tapins
J’allais déambuler… je croisais des fantômes Tire-laine en ribote ou pendus décrochés Et ça tourbillonnait autour des jolies mômes Maculées de sang frais par les garçons bouchers Les camions de lilas s’ouvraient en avalanches Et tout autour de moi l’air sentait le printemps En des temps très anciens, Saint-Eustache était blanche
Là-bas j’étais chez moi, bien peinard, et pourtant On ne me verra plus dans le quartier des Halles Ce qui peut s’y passer ne m’intéresse plus Les temps sont accomplis, à nous de faire la malle Je ne suis pas client pour les regrets non plus
Adieu mes fleurs de sang, mes panthères de jeunesse Je vais aller traîner sur les quais de Bercy Malgré moi j’ai le cœur éclaté de tendresse Saint-Eustache a gagné, les diables sont partis