Je veux que ma chanson soit comme un cri d´alarme Entre un air à la mode et un chanteur de charme, Et même si je ne chante pas assez fort, Qu´on veuille m´écouter trois minutes encore.
Lorsqu´ on entend parler de femmes que l´on viole, Pour beaucoup d´entre nous, ça reste des paroles. On discute, on s´indigne, on ferme le journal Puis on finit par trouver ça presque normal.
Hier, j´ai rencontré l´une de ces victimes. Pour la police, c´est affaire de routine Et pour les autres, ce n´est guère qu´une histoire. Moi, j´ai vu la détresse au fond de son regard.
J´ai lavé son corps couvert de sperme et de sang. L´individu était presqu´un adolescent. Très vite, il a fait ça sans amour ni plaisir. Il paraît qu´il a pleuré avant de s´enfuir.
Mon Dieu, qu´avons-nous fait pour en arriver là ? Que faut-il faire pour arrêter tout cela ? Ma tête se révolte et mon cœur est meurtri Et j´ai eu mal pour elle et j´ai honte pour lui.
Mais qui d´entre nous n´a jamais violé quelqu´un, Pour ne parler que de ces petits viols mesquins Qui font partie de notre vie de tous les jours Et abreuvent de larmes notre soif d´amour ?
La puissance, l´argent, la force et le mépris, L´autorité du père et celle du mari, La rigueur imbécile des fauteurs de l´ordre Qui crée les enragés qu´on empêche de mordre
Car ce sont nos enfants qu´on appelle la pègre, Gauchistes blousons, noirs drogués et autres nègres, Tous ceux qui, pour survivre, cherchent à rêver, Ceux qui cherchent la plage au-dessous des pavés
Et si je viens chanter à la télévision, Dans le cadre établi de la consommation, Avec l´approbation du prince et de la cour, Ne va pas croire que c´est pour faire un discours.
Ce n´est pas non plus pour te convaincre ou te plaire Ou chanter des idées quoi sont déjà dans l´air Mais c´est pour demander un aujourd´hui meilleur En faisant simplement mon métier de chanteur.
Je dis que le bateau prend l´eau de tous côtés. qu´Il est temps qu´on essaye de le colmater. Victime ou criminel, les deux sont concernés Et s´il y a un coupable, on est tous condamnés.