Je veux te dire « je » dans une église de grès Je veux lire tous les jours ton visage de près Je veux te dire « te » et ne savoir heurter
Que la porte qui s’ouvre sur des fenêtres d’où s’envoler

Je veux dire je t’aime sans refermer le mot

Quand je te dis « je », toi, ton écoute luit
Éclaire de ses feux, mon « je » parfois démuni
Éclaire de ses jeux de gamin l’enfance tapie
Quand je t’ai dit « je », toi, tu m’as accueillie

Quand les appeaux du peau à peau sonneront l’épopée
Nous partirons
Mi-fougue, mi-raison
Mi-fugue, mi-rançon
On figera le miracle
Miroitera la saison qui s’égrène à nos pas
Tu me prends à ton cou comme un talislent
Je t’apprends à mon cou comme une amuleste

Tu aimes vite, et m’attends on ne mesure rien du reste
Et nos pas s’égalisent aux chansons qu’on reprend
Coquillages dispersés dans quelque tiroir du temps
Des mots que plus rien ne justifie que l’on taise
Ton appel a noyé mes questions dans la braise
Et décroché mon souffle à son seul répondant

Tu te prends à mon cou comme un talislent
Je m’apprends à ton cou comme une amuleste
Tôt ou tard,
À nos sourires tisons, à nos rires gri-grisés
Je te dirai que je t’aime

Alors

On érigera en bois et en verre dépoli
Les totems qui manquaient aux têtes de nos lits