[Frédéric Beigbeder] La pluie, c´est le passé qui revient Elle tombe, mais en vérité, elle est déjà tombée Ailleurs, une autre fois
[Lonepsi] Ça faisait longtemps qu´elle était pas venue, la pluie Alors moi je me rends à la terrasse du café d´en bas Et je commande deux verres Parce que c´est comme ça qu´on accueille les revenants ici Un pour moi, et l´autrе pour elle Mon verrе à la main, je peux pas m´empêcher de repenser à ce fameux cycle de l´eau Vous savez, quand le soleil fait s´évaporer l´eau des océans Là-haut, la vapeur se rassemble dans les nuages Pour ensuite se transformer en d´infimes gouttes Qui tomberont sur nous, ou ailleurs En recommençant sans cesse ce cycle, à l´infini
Je lève les yeux et il continue de pleuvoir Comme si le temps nous faisait un caprice Le temps de la météo, certes, mais Le temps qu´il y a sur mon poignet aussi Et d´un coup, comme éclairci par une idée, tombée du ciel, lumineuse et banale Je me rends compte que la goutte de pluie qui tombe actuellement sur mon visage Est possiblement la même goutte, qu´il y a plus de quatre mille ans A mouillé le visage crispé d´un conquérant en Mésopotamie D´un jeune esclave en Égypte, d´un phénicien sur son bateau D´un empereur chinois ou d´un paysan breton Et toujours avec le même émerveillement Dans le rond du deuxième verre que j´avais fait servir à ma table
La pluie, comme si elle me parlait en morse pour que je la déchiffre Fait tomber de façon irrégulière un message circulaire que je tente de comprendre Perdu dans mes pensées Ça adoucit mes réflexions, ça apaise mon esprit Ça met de l´eau dans mon vin Des souvenirs, des images, me reviennent et mouillent mon âme Jusqu´à me voir trempé, nageant entre deux eaux Je flotte, je coule, je remonte Noyé, ivre, de toi Cet album contient treize morceaux Treize souvenirs ramenés par la pluie