Comme il a vite entre les doigts passé Le sable de jeunesse Je suis comme un qui n´a fait que danser Surpris que le jour naisse J´ai gaspillé je ne sais trop comment
La saison de ma force La vie est là qui trouve un autre amant Et d´avec moi divorce Rien n´est plus amer A qui t´en prends-tu Plus commun plus facile Que perdre son temps et le temps perdu Pourquoi t´en souvient-il Le hasard fait que j´y pense parfois Et toujours je m´étonne Ainsi je fus ainsi j´ai vécu moi Ce printemps monotone On n´en peut compter rien d´intéressant Malgré ses airs baroques Et je n´ai jamais été qu´un passant Embourbé dans l´époque De loin tout ça paraît aventureux Saoulant blasphématoire Les nouveaux venus en parlent entre eux
On en fait des histoires Vous du moins dit-on vous aurez bien ri Entre les draps du drame Sûr cela valait d´y mettre le prix Fût-ce le corps et l´âme Vous aurez été libres de rêver Libres comme l´injure Mais vous regardez nos pieds entravés Avoir raison c´est dur Ils rêvent pourtant ces fils d´aujourd´hui Où toute chose est claire Et s´ils ont regret c´est de notre nuit Et de notre colère Ah le beau plaisir que lire aux bougies Des choses éternelles Ils voudraient troquer l´idéologie Pour l´irrationnel Ne voyez-vous pas malheureux enfants
Que tout ce que nous fûmes Se dresse devant vous et vous défend Le seuil mauvais des brumes Ce que nous étions nous l´avons payé Plus qu´on ne l´imagine Et regardez ceux qui vous foudroyés Sans coeur dans leur poitrine Mais qu´espéraient-ils et qui ne vint pas Quels astres quelles fêtes De qui croyez-vous ces traces de pas Des hommes ou des bêtes Ils s´imaginaient d´autres horizons D´autres airs de musique Et vous vous plaigniez vous d´avoir raison Sur leur métaphysique Moi j´ai tout donné que vous sachiez mieux La route qu´il faut prendre Voilà que vous faites la moue aux cieux
Et vous couvrez de cendres Moi j´ai tout donné mes illusions Et ma vie et mes hontes Pour vous épargner la dérision De n´être au bout du compte Que ce qu´à la fin nous aurons été A chérir notre mal Le papier jauni des lettres jetées Au grenier dans la malle