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Artiste : Louise-Victorine Ackermann
Titre : Pascal (2) - La Croix
Au retour du combat, tout couvert de morsures,
Et songeant au danger qu’il venait de courir,
Quand le lutteur comptait ou sondait ses blessures
Et qu’il se demandait s’il n’allait pas mourir,

Il lui semblait alors, vers la hauteur céleste
S’il venait Ă  lever son regard attristĂ©,
Qu’aussitît tant de trouble et de langueur funeste
Se changeait en espoir, en ivresse, en clarté.
Comme un point lumineux qu’en vain le brouillard voile,
Pascal, dans le lointain, sous un ciel sans étoile,
Tu t’imaginais voir un phare ensanglantĂ©,
La Croix ! Elle élevait de loin ses bras funÚbres
OĂč, livide, pendait ton Dieu mĂȘme immolĂ©.
Pour l’avoir aperçue Ă  travers les tĂ©nĂšbres,
Tu te dis Ă©clairĂ© ; tu n’étais qu’aveuglĂ©.
En proie aux visions d’une peur insensĂ©e,

Tu tÕélances vers Elle, implorant ton salut ;
Gloire, plaisirs, travaux, ta vie et ta pensée,
Tu jettes tout au pied d’un gibet vermoulu.
Nous te surprenons lĂ , spectacle qui nous navre,
Te consumant d’amour dans les bras d’un cadavre,
Et croyant sur son sein trouver ta guérison.
Mais tu n’étreins, hĂ©las ! qu’une forme insensible,
Et, bien loi d’obtenir un miracle impossible,
Dans cet embrassement tu laissas ta raison.
La Croix a triomphé ; ta défaite est complÚte ;
Oui ! te voilà vaincu, subjugué, prosterné.
Au lieu comme autrefois d’un hĂ©roĂŻque athlĂšte,
Nous n’avons sous les yeux qu’un pauvre hallucinĂ©.

Comment ? tant de faiblesse aprĂšs tant de vaillance !
Puisqu’entre ces trĂ©pas tu pouvais faire un choix,
N’eĂ»t-il pas mieux valu pĂ©rir sans dĂ©faillance
DĂ©vorĂ© par le Sphinx qu’écrasĂ© sous la Croix ?