J´ouvre ma fenêtre sur un oiseau mort : la journée sera bonne Je n´reçois plus Suicide Mag, faut qu´je me réabonne Avale un toast à la déprime, des murs moroses à la rétine
Mauvais whisky à la tétine, mon cancer m´souhaite « bon appétit » J´envoie du Bob Marley dans la hifi Effet contraire, faut croire que la tristesse se bonifie J´peux pas sourire comme la pute dans la pub pour le bifidus Raconte une histoire drôle à un ami ficus Il se marre pas, donc je le fais pour lui Mais c´est moins cool comme se verser à soi-même un pourliche Il paraît qu´c´est beau du moment qu´t´es en vie J´peux même pas chialer tellement qu´j´en ai envie J´vois des couples dans ma rue qui se tiennent par la main Dans la mienne, il y a une lame, un peu de rouge carmin
Et une entaille dans la peau de ma paume Vos jours sont des unités de temps, les miens sont hématomes J´enfile un short et une chemise sale Rien à foutre, ils savent même pas qu´j´existe au taf M´ignorent et, en pause, ne font que s´esclaffer Un beau matin, j´piégerai leur machine à café Puis me roulerai dans leur sang sur la moquette kaki En fredonnant une Gymnopédie d´Erik Satie Ou du Lady Gaga, ça sera plus raccord Envie de m´crever : c´est c´qu´on appelle un corps à corps
Mille excuses, je ne ferai plus l´effort, l´espoir est mince Mon envie d´vivre est anorexique et ne met plus les formes
Je démissionne, salue la terre entière sans serrer d´pince Dans mon royaume : j´étais pas censé être prince ? J´entame ma dernière clope, prends même pas l´temps d´caresser mon cleps J´voudrai clamser de rire mais personne crève quand le monde s´esclaffe Alors, dans c´cas, dansons au bord du précipice Ça n´sera pas si triste au bout du compte : j´ai apprécié qui ? Je n´ai plus l´goût, plus d´jus, ils ont trop pressé le fruit Freedom ! Je serai vraiment libre une fois enfermé dans leur freezer Une fois renversé par un six tonnes, j´laisse quelques lectures sur Deezer Que mon statut d´artiste posthume fasse de moi un grand compositeur
Ils m´écoutaient même pas quand je portais c´costume Qui n´reflétait nullement la médiocrité de leurs postures Ultime repérage pour un dernier opéra Concerto pour violent ; terrible, un sombre théâtre Constaté par l´OPJ Les restes d´un soliste cuisinés à l´aubergine Un verre à pied d´un Petrus bouchonné, une vulgaire villageoise Le soupir et la noire loin de l´hymne à la joie Un destin à la noix, nul à chier, mais laissons aboyer Les boyaux du chef d´orchestre sur le crin de l´archet En parfaite plénitude, seul, j´danserai le Fox Trot