[Anton Serra] J´préfère un p´tit chalet, un poêle à bois qu´une vie d´bourge à ris-Pa Et même au 130ème étage de la Burj Kahlifa J´gravirai les monts sans Otis
Bande de feignasses, bientôt y´aura des escalators à Cannes J´combattrai mes peurs, le vertige d´être seul De mes propres mains comme Alain Robert La vie au bout des doigts, toucher un bout d´étoile Et risquer d´finir fracassé sur un enrobé J´vous laisse vos buildings, vos gratte-ciels, vos fanfreluches, vos bracelets J´espère juste coudoyer des francs frelus J´préfère une poignée d´mains que la soie d´une épée Rompre le pain sous la voie lactée d´un été Des chromosomes à l´air libre J´apprends mieux des hommes que de leurs livres Débranche ta p´tite lucarne ! La vie, c´est tellement vrai Un billet d´train, un aller simple, ailleurs, c´est tellement près
On a peu d´discussions d´la météo au sport J´m´en bats les couilles si Manchester va revenir au score J´adoucirai mon attitude à mille mètres d´altitude Voir mon p´tit pousser bien loin d´un tas d´bitume Et la moiteur d´un studio à Part-Dieu En centre-ville, j´crains tout l´monde à part Dieu J´crois qu´j´suis plus fait pour les feux rouges Les fanfarons aux airs farouches, les fanfares et l´barouf J´baroude, j´croise les doigts pour qu´mon aigreur ne prenne pas l´dessus Risquer de perdre la tête comme cette Leffe que j´décapsule Si j´te dis : "À la revoyure", dis-toi bien que c´est pas sûr, nan
Mon mur porteur a pris pas mal de coups d´massue Un spectacle au pinacle comme un saut d´ange dans l´vide Des choses étranges dans l´bide, une fin d´journée, orange sanguine Alors j´m´accroche à c´que j´peux, mes rêves ne lâcheront jamais prise Quoi qu´ça m´coûte, sur un cadeau, on ne colle jamais l´prix J´accepte c´que la vie m´offre, ça fera une bière de moins Oublie qu´tu morfles, essuie ta morve d´un revers de main On verra bien demain, après tout, nous sommes en vie Pourquoi ce sérieux ? Pourquoi je parle tout seul à ce demi ? À moitié plein ou à moitié vide, j´évite évidemment
D´me faire happer par mes démons mais, jusque-là, j´suis trop lent Escalade de violence, la vie n´est qu´une paroi abrupte Pas mal de potes se sont évanouis dans la brume Y´a plus d´réseaux quand tu t´approches d´la galaxie d´Andromède Et c´est bien mieux que vous qui captez tchi assis dans l´tro-mé Mais laissez-moi rejoindre mon p´tit refuge Un télésiège, un tire-fesse, on fait partie d´ceux qui refusent Vos soirées hype sans goût comme des baguettes d´Auchan Vos coupettes de champ´ pour une cueillette de champ et un soleil couchant Le choix est vite fait, fond d´Whisky, un peu d´ski d´fond
Que j´traîne comme un husky toutes les légendes du Big Foot L´oxygène est si rare pour une vue à couper l´souffle J´le croyais éternel mais, goutte à goutte, mon stalactite fond À chacun son Everest J´te laisse en centre-ville, là où aucun poison n´effraie Là où aucun poisson n´est vrai, j´ai vu encore hier des cendres Là où ils s´bouffent entre eux, à la station Cordillère des Andes J´te résume c´que les types font S´écartant du sentier, terrain escarpé sous escarpins Opéra vertical, en fait, j´préfère le sommeil Je zapperai toutes ces chaînes là où la haine atteint des sommets
Vinyle de Balavoine devant mon poêle à bois Un os à moelle et de la poire à boire, un p´tit gars qu´à la couenne Et de la poigne... J´continuerai mon ascension sans vous Juste en p´tit comité, j´goûterai aux sensations sans nom Ho ! Que c´est bon quand les choses glissent sur la tyrolienne Comme faire skier sa paume de main sur des jolis reliefs Le strict minimum, une laine polaire, un fait-tout Une paire d´raquettes, un panneau solaire, un album photo Tout l´contraire d´la silhouette d´un petit homme très mince D´la sapinette pour fuir les symptômes d´un delirium tremens
Le monde s´accroche tenu par qu´une phalange Déchante vu qu´les prix grimpent comme Patrick Edlinger Anto, Lucio Bukowski, un départ d´avalanche On rappe quand ça nous chante, en fait, on s´fout du studio et d´l´ingé´ Voilà les conséquences quand deux montagnes s´rencontrent C´est bon, j´arrête, j´ai pris une tête comme ça, t´sais, le peu-ra, ça rend con Tomates et projectiles puis, au fait, on s´est pris pour qui ? J´rêve d´autre chose que d´la musique, c´est pas mon projet d´vie Allez, salut, j´me mets au vert, tu nous trouveras sur les hauteurs Du dénivelé et une rivière, il en faut peu pour un rêveur
Face à nos peurs, y´a tout à refaire en théorie C´est pas le fait de tomber mais d´risquer d´sauter qui me terrorise
[Lucio Bukowski] À la recherche du temps perdu, j´n´ai goûté qu´à une madeleine rassie Depuis, je traverse des plaines avec des peines par-ci Un jour, j´trouverai des réponses comme Peter Falk Sans brailler des chansons d´amour sur fond de guitare folk Que dire de plus à part que j´me cherche moins ? Du coup, j´me connais mieux, mon oiseau bleu s´perche loin J´ai brisé les fenêtres mais j´voulais pas t´couper
Désolé pour les éclats d´verre dans chaque couplet Merci aux proches et à mon single malt J´serai jamais des têtes d´affiches qui sortent des singles fades Prêt à disparaitre comme Yukio Mishima Un suicidaire en centre-ville d´Hiroshima J´n´ai qu´des dialogues creux avec des murs muets Et j´n´attends qu´un signe comme un futur curé J´compte les heures en attendant qu´tout saute J´pratique un art naïf et signe Henri Rousseau Grande bière belge, fraîche, beignet de manioc Relire Mallarmé sur fond de menuet baroque Pense que la forme des nuages n´est qu´un prétexte Un storyboard divin pour nous faire gober le reste L´œil malicieux de la brune, station Croix-Rousse 10h44 un lundi matin d´humeur farouche Allume une cigarette menthol imaginaire Le temps de la fumer, je connaîtrai par cœur Apollinaire Tous daltoniens : paraît qu´on rêve en sépia Mec, ne fais pas tes lacets et affranchis tes pas Se trancher les veines au Rasoir d´Ockham En attendant les soldes sur quelques âmes d´occas´ La vérité peut bien aller s´faire voir ailleurs On a chacun la nôtre ici et on est bagarreur « Va niquer ta mère » n´est qu´un poncif œdipien Je sais frère, je dis rien mais j´le dis bien Triste, cette manière de digérer nos vies Plutôt que goûter au bonheur, on allégeait nos rires Y´a qu´les fous pour oser viser l´hégémonie Pour mieux qu´elles touchent au but : on a piégé nos rimes Les remords s´achètent-ils dans des boutiques-souvenirs ? Sème des cailloux pour être sûr de ne jamais revenir Me raccroche à l´écriture, je n´compte que sur mes doigts Un ange déchu ne tombe que sur des toits Notre aventure commence à chaque seconde de plus Tout à refaire comme un vieux qui rate le bus Et c´est la vie et c´est tant mieux Et c´est tant pis pour l´abruti qui ne sait qu´être envieux Boulot, métropolitain et quelques lignes de Verne Un peu de studio et quelques signes de peine Que l´on combat avec des instants d´grâce Tout en évitant les instants d´crasse Et je m´sens bien comme après l´amour Le soleil sur mon visage, l´orage a pris la mouche Nos espoirs s´endorment là où on les pose Je suis en grève donc me fous du train où vont les choses Soyons clairs : j´n´ai même pas d´avis précis À part la lutte intérieure, le reste se déprécie Puisque le chemin est interminable Parcours le Yi King dans un bar minable Tout égaré dans une guerre d´hoplites J´voudrais être héros dans un Jean-Pierre Mocky Me souviens d´être vivant lorsque je foule la terre M´entoure d´évidences pour qu´ils me foutent la paix J´ai mes passages à vide comme un nietzschéen J´essaye de me relever et puis je vise ces riens Qui font de la vie un morceau d´miracle Qui font de l´ennui un morceau d´mirage On avance toujours comme on peut Sache que les larmes n´ont jamais rien d´honteux Nos solitudes peuplées demeurent irréductibles Sourire à l´avenir, c´est être indestructible Et il y aura des moments noirs Cette sensation de perdre tout espoir Juste du vide de l´autre côté d´la porte Seul face au néant, faudra trouver la force Et rebâtir une existence de mieux Garder ses souvenirs comme une présence de Dieu Une larme rejetée, c´est un rire atteint Y penser chaque jour et puis ça ira bien