On a parcouru le chemin De tes rêves à mes rêves Tes doigts à mes seins De ta bouche à mes lèvres De la guerre à la trêve
Combien d´fois, mon amour Combien d´aller-retour Entre la haine et l´amour
Chaque fois, la route et ses chaos Et ses roches et ses trous M´arrachaient à ta peau Me rejetaient sur tes genoux Me tatouaient sur ta joue
Combien de grands voyages Pour autant de naufrages Sur ce même rivage
Jusqu´au jour où j´ai dit: "Va t´en! J´ai plus rien à blesser Qui soit vierge de coups
J´suis fatiguée des kilomètres Qu´on franchit pour être À un plus mauvais bout"
J´ai dit: "Prends ta voiture de fortune Et roule tant qu´tu voudras Va t´en donc promettre ta lune À une autre que moi"
J’croyais pas qu´t´allais m´obéir À la lettre comme ça J´t´ai regardé partir En mourant tout bas Sur la véranda
Brisée à des endroits Que j´me connaissais pas Entre mon cœur et tes bras
Les étoiles qu´j´avais dans l´regard Et qui semblaient te plaire Sont venues s´échouer Comme des étoiles de mer Sur l´estran désert
Le cœur comme un souvenir Le corps comme un grenier J´ai eu peur d´m´écrouler Je sais pas d’quelle manière Comme poussée par le vent J´me suis mise à poursuivre, en courant Le nuage de poussière Qu´ ta voiture de misère Faisait tourbillonner en filant
Puis j´ai crié: "Attends-moi j´arrive !
Je peux pas vivre sans toi Et si c´est pas une vie de te suivre Et bien ce s´ra c´que ce s´ra T´as encore, dans les mains La petite cuillère Qui m´ramassait si bien Quand j´m´écrasais par terre T´as encore, dans les mains La petite caresse Qui m´ferait, comme un chien Haleter d´allégresse"
Mais, bien sûr, t´as rien entendu Et ton nuage et toi Vous avez disparu Et je suis restée là Comme un cheval de bois
Qui ne berce plus personne Et que l´on abandonne Que l´on met au rebut
Un jour que j´me croyais mieux Que j´allais au village Et que c´était pluvieux À deux nuages d´un orage À faire taire les oiseaux
À deux pas du resto Et à trois du garage À deux doigts d´oublier
Perdue dans mon imperméable Et dans quelques pensées Comme: "C´est drôle dans le sable Toutes ces traces de souliers"
Comme: "J´sais pas c´que j´vais foutre De ma longue soirée"
Juste à coté de moi Ce parfum agréable Ces cheveux familiers C´était... c´était toi
Et l´orage éclata En même temps que le morceau de chair Qui me servait de cœur Et le vent se leva En même temps qu´un éclair Nous fit tous les deux trembler de peur
J´ai dit: "Si tu viens pour les étoiles Elles sont tombées dans la boue Si t´es là pour me voir, j´te signale
Qu´y´a plus rien à voir du tout"
T´as dis: "J´ai parcouru Les chemins de mes rêves À des rêves qui n´étaient pas les tiens J´voulais juste que tu saches, mon amour Que ces foutus parcours Ont toujours été vains"
Alors j´ai dit: "Puisque t´es là Viens donc prendre un café Si tu veux, tu jetteras Quelques bûches au foyer Ça nous réchauffera Le temps que l´orage passe Et que le feu s´embrase Comme autrefois !"
Et c´est là qu´t´as baissé les yeux Que t´as dit: "J´ pourrai pas Car, tu vois, y a un vœu Que j´ai fait là-bas Elle te ressemble un peu Celle à qui j´ai dit: "Oui"
Ce petit "Oui" précieux Que je n´t´ai jamais dit" T´as ajouté qu´aussi Elle prend bien soin du p´tit Et qu´t´es déjà trop vieux, aujourd´hui Pour réparer l´erreur La pire de ta vie Qui est celle d´être parti d´ici
Tu t´es mis à g’noux dans la vase Pour me d´mander pardon
Le tonnerre m´a volé ta phrase Et tu t´es levé d´un bond
Et t´es parti, l´air malheureux Le pantalon tout sale Et, au coin de mes yeux Y´avait comme... des étoiles