Je marche J´ai d´la poussière plein les orteils Je marche En plein désert, en plein soleil
Je marche Une chaudière au bout des doigts Tout comme hier, jusqu´à là-bas
Je marche Je tâche de bomber le buste Je marche Jusqu´au bout de mes petits muscles
Je marche Et je marcherai encore plus Au lieu d´attendre l´autobus
J´ai l´âge De m´en aller en maternelle Je marche Et je marcherai de plus belle
Toujours En espérant que tout là-bas La terre m´ait gardé un crachat
Enfin Mes pieds touchent la piètre rive J´atteins L´eau sale que le sol salive Mes mains Se cramponnent de leur plus fort Au seau que j´remplis à ras bord
Je marche Pour revenir à mon taudis Je marche Avec mes litres de survie
Je marche
Des heures encore jusqu´à ma hutte Il ne faut pas que je culbute
Je fais Ce long périple sans chaussures Et j´ai De la corne plein les jointures
Je vais Marcher comme ça jusqu´à ma mère Et j´vais lui donner ma chaudière
D´accord Je n´suis que trois pommes de haut J´ignore Que je suis peut-être un héros
Chaque soir
Quand je brandis mon géant seau En rentrant de ma chasse à l´eau
La nuit Maman me raconte une histoire Qui dit Qu´un jour j´apprendrai à m´asseoir
Qu´un jour Y aura des armées de gentils Qui viendront nous creuser des puits
Alors Un sourire accroché aux rêves J´m´endors En m’fissurant le coin des lèvres
J´ai soif
De vivre encore assez longtemps Pour boire Quelques carafes avec maman