Pendant que mon auguste reine Résiste aux outrages du sort, Muse, pour un dernier effort,
Chantons sa gloire dans sa peine. Employons aujourd´hui, mais d´un air de grandeur, Un noble et saint reste d´ardeur Qui nous purge d´ingratitude Et comme fait ce bois où je fais mon étude, Accordons l´ombre et la splendeur.
Il faut que le siècle confesse Que Louise en fait l´ornement Et que son rare jugement Est le trône de la sagesse. J´admire de sa vie et le lustre et l´odeur ; J´admire la sainte froideur Qui de l´éloge la détache ; Mais j´admire surtout que, lorsqu´elle se cache, C´est lors qu´on voit mieux sa splendeur.
Arrière, cette fausse gloire
Dont se prévalait le Païen ; Toute sa vertu n´était rien Qu´un vain désir de la mémoire. Je n´y vois qu´amour-propre et qu´ostentation ; L´idole de l´ambition Trouvait en son coeur sa victime Et sans aller plus haut, le seul but de l´estime Le disposait à l´action.
L´homme n´est point fait pour la terre ; Bien qu´il en soit fait et sorti Et qu´il doive être converti En cent substances qu´elle enserre. Il est né pour les cieux, il doit y aspirer ; Nul vivant ne peut l´ignorer S´il sait d´où son âme dérive S´il ne le connaît pas, quoiqu´on pense qu´il vive,
C´est un vrai mort à déplorer.
Dieu ne veut l´homme que pour l´âme, L´âme que pour la volonté, Il faut que sa seule bonté L´émeuve, la touche et l´enflamme. Enfin, il ne demande, à qui respire au jour, La volonté que pour l´amour, L´amour que, pour l´honneur suprême, Que tout ange lui rend, qui n´est dû qu´à lui-même, Et que couronne un si beau tour.