Aux jardins fleuris de lauriers roses Et parmi les vasques Où tombent les doux pleurs des fontaines
Echappées au rire hiératique Des masques, Hélène, aux yeux charmants, promène Une indolente songerie. Par instants, elle s’arrête Près des blancs gradins Menant des jardins fleuris Dans l’ancestral palais de Priam; Et cueille, distraite, Les odorantes roses. Dont les lourds bouquets s’épanchent Vers les blancs gradins; Ainsi, le flot rose d’un vin de Syracuse S’épanche des cratères pleins, Que des mains ivres inclinent. Sa tunique d’azur délicat Est retenue Sur l’épaule nue
Couleur de colombe Par de riches agrafes ouvrées. Et sur ses pieds blancs, Comme la blanche laine des agneaux Tombent les plis droits et souples De sa tunique d’azur délicat.
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Le tumulte lointain du combat, Qui jette sur la terre sanglante Les héros mourants sous les murs de Troie; - Parmi le bruit terrible des boucliers Et des lances heurtées; - Le tumulte lointain du combat Arrive confus: - Tel un grondement d’écluses ouvertes Précipitant les ondes
D’un fleuve furieux. - Hélène, avec une nonchanlante grâce, s’est assise Sur le marbre pâle d’un banc réfugié Dans l’ombre des lauriers roses; Et, tandis que sa main enfantine mêle A ses beaux cheveux les odorantes roses, Elle rêve, l’oreille vaguement importunée Par le tumulte lointain du combat.