Par les champs, par les villes, La Charité chemine; Elle chemine à petits pas,
Car ses pieds sont délicats Sont las D’avoir dansé. Elle a du pain rassis Dans sa sacoche En peau de crocodile. Elle a du pain rassis Pour les oiseaux Dignes d’intérêt: Poules et canards Qui seront plus tard Bons à croquer. Dans les branches réveillées Par le compatissant Printemps, Les moineaux se congratulent Et dédient au compatissant Printemps De jolis sonnets, De mignons rondels
Et des cavatines charmantes; Car tout l’hiver ils ont mangé De la vache enragée. La Charité se dit: Vous n’aurez pas de mon pain rassis, Petits bons à rien Qui perdez votre temps à chanter; - Je le garde, mon pain rassis Je le garde pour les oiseaux Dignes d’intérêt. Elle marche sur les marguerites Et sur les trèfles roses; Portant dans son coeur vide d’amour De vastes projets Et sous son front morose Des pensers moroses; Sans voir les bleuets Bleus comme le ciel -
Et le ciel bleu Comme les bleuets. Or, un vieux pauvre assis Sur la route au soleil Oubliant ses durs soucis, Bénissait le soleil. Et comme passait la chagrine Figure, Il la prit en pitié, Lui voyant un front si morose: Celle-ci dit-il - Est plus pauvre que moi. Et quittant sa place Sur la route au soleil, Le pauvre s’approcha d’Elle Et, très timidement, Lui donna un sou,