Mon Dieu, qui dormez, faible entre mes bras, Mon enfant tout chaud sur mon coeur qui bat, J´adore en mes mains et berce étonnée, La merveille, ô Dieu, que m´avez donnée.
De fils, ô mon Dieu, je n´en avais pas. Vierge que je suis, en cet humble état, Quelle joie en fleur de moi serait née ? Mais vous, Tout-Puissant, me l´avez donnée.
Que rendrais-je à vous, moi sur qui tomba Votre grâce ? ô Dieu, je souris tout bas Car j´avais aussi, petite et bornée, J´avais une grâce et vous l´ai donnée.
De bouche, ô mon Dieu, vous n´en aviez pas Pour parler aux gens perdus d´ici-bas Ta bouche de lait vers mon sein tournée, O mon fils, c´est moi qui te l´ai donnée.
De main, ô mon Dieu, vous n´en aviez pas Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las Ta main, bouton clos, rose encore gênée,
O mon fils, c´est moi qui te l´ai donnée.
De chair, ô mon Dieu, vous n´en aviez pas Pour rompre avec eux le pain du repas Ta chair au printemps de moi façonnée, O mon fils, c´est moi qui te l´ai donnée.
De mort, ô mon Dieu, vous n´en aviez pas Pour sauver le monde O douleur ! là-bas, Ta mort d´homme, un soir, noir, abandonnée, Mon petit, c´est moi qui te l´ai donnée.