La jeune fille un peu maigre qui passe les accessoires Les couteaux les bouquets les ballons les miroirs La femme qui sourit avec deux dents en or A qui on va passer des sabres dans le corp
Si par hasard on les regarde On se demande quelque fois De quoi donc vivent ces gens-là
D´un peu d´angoisse et de café Beaucoup de poisse et de gaîté Deux éventails un matin blême Le train du soir n´est pas chauffé Trois tourterelles et du lamé Ce soir on applaudit à peine Mais de quoi vivons-nous, nous-mêmes D´un peu d´angoisse et de café
Le noir en satin blanc qui passe l´escabeau Qui jette la sciure et soigne les chevaux La mère qui soutient ses fils en pyramide Et qui sourit toujours colossale et stupide Si par hasard on les regarde
On se demande quelque fois Mais de quoi vivent ces gens-là ?
D´un peu d´angoisse et de café Beaucoup de poisse et de gaîté Un soir de gloire et puis la gêne Deux éventails trois fleurs fanées Et sous les projecteurs qu´on aime Tant de modeste vanité Mais de quoi vivons-nous, nous-mêmes D´un peu d´angoisse et de café
Et les cuivres chantaient l´allocation chômage L´amazone le matin fait aussi le ménage Le magicien debout déjeune d´un œuf dur Et les cuivres chantaient le bonheur des cœurs purs Sans qu´une fois on les regarde
Sans qu´on se demande pourquoi Ils ont vécu, tous ces gens-là
D´un peu d´angoisse et de café Beaucoup de poisse et de gaîté Sous les néons glorieux et blêmes Pauvres mots instruments faussés Mais en somme on fait ce qu´on aime Tant pis si ça n´a pas marché Car de quoi vivons-nous, nous-même D´un peu d´angoisse et de café