Pour elle, on avait pas fait sauter Tout les canons de la beauté. Si souvent dit, Elle avait fini Par s´y faire.
Elle passait sa vie en silence, Comme installée dans l´adolescence. Un peu d´ennui, un peu de rêves en l´air, Elle vivait pour ses photos couleurs Et pour son cahier mauve, Tout rempli de lettres à des chanteurs Et de chansons guimauves. Elle disait: "J´ai quinze ans demain. Je t´en prie, répond de ta main Et si je mens, c´est pour te plaire." Elle avait un amoureux pourtant Qu´elle aimait de mémoire Car la seule qu´elle mettait au courant, C´était Ménie Grégoire. Elle disait: "Je l´aime et j´ai peur. A quinze ans, les filles ont des pudeurs. Je crois en vous, courrier du coeur." Paraît qu´on la vue, l´été, un soir,
Entrer au bal et puis s´asseoir. Si souvent seule, Elle avait la gueule A s´y faire. Elle semblait penser à autre chose, Ses mains tirant sur sa robe rose, Genoux serrés, mais des yeux ouverts. Elle avait vu près de sa maison, Collé sur les gouttières: "Apprenez la danse en dix leçons" Mais elle était trop fière. Elle pensait: "J´ai trente ans demain. Je vais rester jusqu´au matin Toute une nuit dans un seul verre." On dit que c´est drôle et que c´est gai, Les confettis qui pleuvent, Mais les bals du quatorze Juillet, C´est jamais loin d´un fleuve.
Je suis pas sur de ce qui s´est passé, Mais c´est depuis ce jour-là, tu sais, Qu´on parle d´elle à l´imparfait, Tu sais, Qu´on parle d´elle à l´imparfait.