Quelques palmiers en friche nous protègent contre l’orage Ce soir, un vent de force 8 souffle sur les bâches Décor de Far West à l’ouest du triangle d’or
C’est l’ancienne Birmanie, pays au 1000 pagodes Petite Nour est un genre d’héroïne rare Qui mène sa barque d’orpheline chez les Rohingya Ce peuple d’apatrides dont plus personne se soucie, Pas même la Nobel de la paix Aung Sang Su Kyi Elle travaille pour un patron exploitant agricole Depuis que ses parents sont morts dans la cale d’un boat-people Partie aux mains de passeurs pour trouver meilleure vie Avec par jour une portion de riz et buvant leur propre urine Elle cultive sous le soleil la plantation de caoutchouc
Une mèche tombante sur l’œil, thanaka en poudre sur les joues Employée d’un homme qui lui refuse le statut de birmane Et au visage moins souriant que les statues de Bouddha Un travail illégal qui lui fournit quelques kyats Lui permettra de caler sa case avec une toile de natte Mais surtout lui évitera de vendre sa ration de riz Celle offerte par les actions de lutte contre la famine Pour l’homme qu’elle appelle boss, elle n’est qu’une Bengali Il convoite son corps de femme encore à peine gamine
L’haleine infectée par un alcool bon marché Et ces avances d’homme marié deviennent rapport forcé Un jour, il dénoue le sarong de Nour avec son bambou Mais la jeune femme crie tellement fort qu’on l’entend jusqu’à Rangoon Elle couvre sa paire de jambes et sa pudeur virginale L’homme frappe son visage et la marque de sa bague en pierre de jade Beaucoup de sang coule sur son pagne, elle court à travers champs de campagne Empoigne le goulot d’une bière birmane et de son agresseur frappe le crâne Il tombe une pluie de boue, L’homme au bout de son pouce n’a plus de pouls
Se rendre s’est s’accuser un peu Alors, elle rentre chez elle sur un char à bœuf Je partirai sur l’eau à l’aube comme l’ont fait mes parents Une destinée de jeune migrante sur un cercueil flottant De toute façon, y a rien pour mon peuple dans les coins alentours Musulmane, je trouverai mon bonheur vers Kuala Lumpur Le Myanmar a mis à mal toute mon ethnie Il faut naitre bouddhiste ici en gros si tu veux être libre Mieux lotis sont les chiens des anciens militaires Moi, je vis dans un camp de déplacés et je dors à même la terre Surpeuplé, mon village, c’est le marché aux bestiaux
Et à chaque fois que je veux en sortir, un policier me questionne Anti-Rohingya, leurs lois régulent naissance et mariage Car les peaux brunes auraient la fertilité animale Apatrides en prédation au pays du pacifisme A cause d’extrémistes et d’une foule qui agit par suivisme On vit un flagrant déni qui par leur temple est béni C’est décidé demain matin, je quitterai cette vie pénible En arrivant au camp, quelques moines bonzes l’attendent Elle remarque les traces de sang sur leur robe safran Au loin, elle voit sa madrassa mise à sac
Autour d’elle, les moines forment un cercle et l’attaquent à 5 Des armes en bois de teck, pilonnent son corps et sa tête Les coups les plus violents l’atteignent, sous son œil forment un oedème Les côtes flottantes perforées, sa tresse d’enfant pleine de terre Son esprit se demande quand même quel traitre a pu donner l’alerte Violence aveugle, des hématomes suturent ses yeux Elle entrevoit tout de même la besogne de ces hommes de Dieu Fusils d’assaut en bandoulière contrastent leur tissu orange Les enfants courent dans les rizières et détalent dans tous les sens
Secte de prêtres bouddhistes au service d’un État raciste Et d’une police complice qui extermine son peuple à la racine Du guet-apens, c’était la cible, son corps d’enfant qui se calcine Suite à l’incendie de son t-shirt qui maintenant la brûle comme de l’acide Son corps squelettique se carbonise, elle hurle à la mort, elle agonise Entend les rires de ses pousse-au-crime qui raisonnent dans tout le bidonville La pluie de la mousson tombe et peine à l’éteindre Laissera son corps encore fumant aux bords de la jungle Petite Nour fut inhumée, Son peuple épuré, entassé dans des charniers