💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

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Artiste : Médine
Titre : Enfant du destin (Yasser)
Le bateau fait que de caler, sur les plages du Pas-de-Calais
Et le passeur m´a calé entre les cordes et les sauts de galets
Le zodiac fait que de tanguer, ça va finir À la pagaie

L´hélice du moteur Yamaha s´est prise dans un paquet d´filets
2-3 kilos euros c´est le prix de la classe éco
Dans les caux internationales à quelques nautiques des côtes
Le mercure indique -7, ressenti : -30
Son prénom c´est Yasser, ça fait 2 ans qu´il a quitté l´Soudan
Il a quitté le régime, pour échapper à la vie chère
Fui sa terre d´origine pour enfin retrouver ce qu´il cherche
Un toit, une femme, un taff, rien qu´une life un peu plus stable
Un peu d´estime de soi, pas qu´un immigrant, un sans-paperasse
Parti de Khartoum, sans une cartouche en poche
J´cours après les semi-remorques pour me planquer sous les pare-chocs

Les secousses de la route me cognent, mon bras sur le garde-boue frotte
Faut que je passe les postes-frontière, les check-points et les gardes côtes
L´année dernière, j´ai vu mon reuf mourir, sous un 33 tonnes
Un General Motors avec un chargement rempli de pétrole
On est prêt à risquer la mort juste pour regagner l´Europe
Car ne rien risquer est un risque encore plus grand, m´a dit mon reup
J´arrive au Maghreb, un marocain m´agresse
Je m´adresse à lui en littéraire, il me répond dans son dialecte
Sans sous-titrage j´ai tout compris, à l´intonation qu´il a prise
J´ai bien entendu le mot "esclave", c´est le même mot qu´on utilise

À 17 piges, je suis trop naïf, j´croyais que les natifs de l´Afrique
Étaient tous de la même famille, étaient tous des frères de famine
Faut que j´donne toutes mes économies à ce passeur aux propos racistes
Faut pas que je perde mes objectifs, mais faut que j´obtienne le droit d´asile
Ils m´offrent une place en première classe
D´un chalutier espagnol pour la première plage
Comme une promesse faite sur le sable
À peine écrite que déjà la mer l´efface
J´vais là-bas, où pour boire j´ai pas l´âge légal
Mais l´âge de mourir en buvant la tasse
J´reprends des forces, je m´assoupis
J´entends le commandant de bord crier "Guardia Civil"

J´plonge dans la Méditerranée, pour éviter le contrôle frontalier
C´est la côte que je vais rallier, nage en natation-synchronisée
En deux temps trois mouvements, j´accoste, cours vers le mur de barbelés
J´fais de l´alpinisme sans corde, sur les grillages gris métallisés
Tout est rouillé de haut en bas, si j´meurs pas j´ai le tétanos
Tout est verrouillé à la base, on m´appelle déjà "clandestino"
J´me lâche d´une hauteur de 3 mètres, pour courir vers les trains de fret
J´entends derrière moi les gunshots, tout en pénétrant l´espace Schengen
Dans un Wagon de marchandises
Croiser les policiers, j´crois c´est ma hantise

J´ai fait les routes, les mers, maintenant je fais les chemins d´fer
Il va manquer les airs ou de faire la route en cheval de ferme
Entre les fruits à coque et les "naranja"
J´voyage sûrement avec un peu de marijuana
J´sais pas qui est le plus illégal, si c´est moi ou le cannabis
J´sais ce qui est le plus inégal, leurs lois ou leurs carabines
Deux nuits de suite à voyager, sans avoir acheté de billet
J´entends les malinois aboyer et les talky-walky des douaniers
Ça parle un français en argot, accent à couper au couteau
Comme dans le film de Dany Boon, que j´avais regardé en V.O

Moi j´ai fait l´école anglophone, pour ça que je veux rejoindre London
Dans la City, j´veux juste un job, même sortir les poubelles de leurs clubs
Pour le moment, je suis en attente, coincé à Calais dans camps de tentes
J´suis là pour retenter ma chance, jusqu´aux Portes de la Manche
Tous les jours, un jour sans fin, j´embarque à bord d´une épave
Et je repaye le tarif plein, pour pouvoir traverser les vagues
Cette fois-ci, c´est pour de bon, m´a dit le trafiquant d´humains
Si tu crèves dans le grand bain, t´façon lui il s´en lave les mains
C´est pas pire en fin de compte, que les deux gouvernements

Que l´England ou bien la France qui se renvoient tous les migrants
Pas pire que les hommes en bleu qui éventrent les toiles des tentes
T´façon leurs histoires d´accueil, leurs droits d´asile c´est que pour les blancs
Une trentaine de fuyards, à bord d´un canot nautique
Des enfants et même des femmes, avec tous de bons motifs
Sans aucun gilet de sauvetage, même pas pour les plus petits
On est tous qu´à quelques miles de la côte sud-est britannique
Va falloir que ça se termine, on frôle l´hypothermie
La météo est terrible, on y voit clair que par intérim

Je vois plus l´avant du navire, si y´a les gendarmes maritimes
Ce qui devait arriver, arriva, toute l´embarcation qui chavire
Percuté à tribord par un cargo porte-conteneur
Les enfants pleurent, les mamans crient et n´arrivent plus à se contenir
J´appelle au phone les garde-côtes qui se contredisent
Disent que c´est de la faute des autres, qu´on navigue dans les eaux british
Au pays du fish and chips, je voulais travailler comme plongeur
J´vais mourir plongeur sous-marin entre la manche et la mer du nord
Jusqu´au littoral nord je tente de nager littéralement
J´croise un chimiquier allemand qui doit me prendre pour un banc de merlans

Mais mes jeunes poumons d´ado se remplissent d´eau salée
Je sens mon pouls se ralentir, alors je me laisse aller
Mon corps dans les profondeurs, emporté par son poids mort
Dans les eaux poissonneuses où l´on entend plus battre les coeurs

Yasser fut repêché, dans le Port de Calais
Et une trentaine de corps exhumés d´un cimetière bleuté
Enfant du destin, enfant de la guerre..
Soudanais, Érythréens, Yéménites, Kurdes, Afghans, Irakiens, Syriens..