Si j´shoote un bleu, tout ça va sûrement finir en émeute Les publics rentreront chez eux en s´disant : "On est neutres" Tout ça m´émeut mais j´ai choisi d´partir sans faire l´haineux
Car on n´coupe pas la ficelle tant qu´on peut défaire les nœuds Mesdames, messieurs les théâtreux, spectatrices et spectateurs Ce sera jamais nous contre eux, les mauvaises herbes sont des fleurs On n´a pas besoin d´thérapeutes, un comedy club dans le cœur Si on écrivait La Haine 2, ce serait La Cité de la Peur Nos vies : des films d´horreur quand on les regarde en gros plan En dézoomant : des films d´amour et des bromances J´ai vu mon reflet dans leurs insignes J´ai su qu´le vilain petit canard était un cygne C´est nous la France périphérique toujours au centre du débat
On rend l´pays féérique avec les centres de Demba Quand on fait la une de L´Équipe, on est des fiertés nationales Mais, dans les contrôles de routine, on est des ramasseurs de balles Mais tu veux savoir c´est quoi l´comble ? C´est qu´ce soir on fait salle comble Mais que, demain, face aux gendarmes, ça peut vite tourner au drame Parce que, quand un Français est con, on dit que c´est un sale con Mais, quand un Arabe joue au con, on dit qu´c´est un sale Arabe Et, lorsqu´un flic tue un Noir, les racistes appellent ça du sport Et, quand un Noir pousse un keuf, ils parlent tous d´animal féroce
D´indigène en TN/Lacoste qui vole aux Français leur travail La violence a plusieurs visages : celle d´un flingue ou celle d´une cravate Frère, faut qu´on tempère Tourner l´dos à l´ouragan ne nous sauvera pas d´la tempête Tant qu´on n´videra pas nos placards de nos squelettes Tant qu´au lieu d´mener des enquêtes, on partira mener des quêtes J´prendrai pas d´pincettes, encore moins d´pense-bête On n´guérit pas du tieks, même sous opération d´place nette Tant qu´on n´renversera pas la pyramide Tant qu´on n´regarde la banlieue que par la lucarne d´Évry
Tant qu´ils enjamberont les corps avec des dossiers sous le bras Tant qu´on aura des nœuds au ventre quand on voit l´origine du coupable Tant qu´on étalera le casier d´un cadavre encore chaud Tant qu´on n´arrêtera pas d´voir comme un spectacle les talkshows Tant qu´y´aura des mères qui ferment le couvercle du cercueil Tant qu´y´aura des pères en deuil qui perdent un œil dans les immeubles À cause d´un "tir erreur" d´un bon tireur sur un ancien tirailleur En militaire devenu ferrailleur, devenu d´la chaire à bâilleur Tant qu´ils s´en prendront aux raisonneurs avant de s´en prendre aux raisonnements
On n´ouvre pas la porte du vivre-ensemble avec un clé d´étranglement On n´est pas l´pays des Lumières avec un Taser électrique Et, casser du fonctionnaire, eh bah ça n´a rien d´érectile On perd le nord, on perd le fil, on crée pas d´lien, on racialise On s´voit plus qu´en Noirs et Blancs, comme dans le film de Kassovitz On nage en pleine cassocerie, comment expliquer aux kids Que la Pat Patrouille dans la vraie vie tire sur la carrosserie ? C´est l´histoire d´une société qui chute à l´horizontal L´important, c´est l´parachute, quel que soit l´atterrissage
J´ai mis la culture de la rue dans la France et son paquetage Car, pour pouvoir former la Lune, faut qu´tous les quartiers se rejoignent On chanterait presque "La Marseillaise" avec Jul, avec IAM Le bruit des kops des supporters, ça étouffe toutes les Kalach´ On aime la Garde républicaine quand elle chante avec Aya On hait les gardiens de la paix quand ils shootent les Kanaks Quand ils compressent les thorax de Cédric et d´Adama Que, sans les images des dashcams, on n´saurait rien des causes du drame Alors on s´fout de leur morale, des humanistes à deux balles
On s´aimera jusqu´à c´que la prochaine polémique nous sépare Faut qu´on brise le narratif, que tout l´monde retrouve ses esprits Que, quand la presse déshumanise, c´est l´espèce qu´elle déshumanise Et que le chef de police est sûrement un chef de famille Et que le p´tit dans la street a sûrement pas choisi d´y vivre Qu´oublier un crime est un crime, de Beltrame à Oussekine On va tous finir par se kill, alors j´ai plus qu´une chose à dire L´amour