Un petit vieux attend square Saint-Lambert Usé par les hommes et le temps Un petit vieux attend sur un banc de pierre Sans déranger les braves gens
Dans le manteau de la misère Où dorment ceux qui n´ont plus rien Il attend que passe l´hiver Crevant de froid, tremblant de faim
On dit qu´il avait tout Qu´il a tout perdu jusqu´au dernier sou Où est la société que nous chantaient nos grands-pères ? Celle où chacun devait être fort et fier Comment peut-on briser un homme et sa vie entière ? Et qu´un jour au fond de ses yeux On lise ce cri silencieux
Assez, assez, arrêtez le carnage Et regardez les choses en face Allez, allez, ayez au moins le courage
De me donner le coup de grâce
Un petit vieux attend square Saint-Lambert Un peu plus vieux chaque matin Il finit comme un chien sur son banc de pierre Un peu plus seul, un peu plus rien
Dans l´ombre de l´indifférence D´une ville aux mille reflets Il oublie les coups, les offenses Ceux qu´il aimait, ce qu´il était
On dit qu´il donnait trop Qu´il aurait mieux fait d´être un vrai salaud
Où est la société que nous chantaient nos grands-pères ? Les vautours en voulaient, on a laissé faire
Que vaut la vie d´un homme dans le merdier des affaires ? Cet homme qui du fond des yeux Lance ce cri silencieux
Assez, assez, arrêtez le carnage Et regardez les choses en face Allez, allez, ayez au moins le courage De me donner le coup de grâce
Assez ! Assez ! Arrêtez le carnage Allez ! Allez ! Ayez un peu de courage
Un petit vieux attend square Saint-Lambert Usé par les hommes et le temps Un petit vieux attend sur un banc de pierre Sans déranger les braves gens...