Écoutez bien ce que chante Paris Et Montorgueil et Saint-Denis: "Le roi de France est mort, vive le roi d´Argot!" Et moi, le roi d´Argot, ça me fait bon, ça me fait chaud!
Je remercie Christian le serrurier Qui a forgé la bonne clef Et Carine qui a endormi les soldats Et Gégé-les-gros-doigts qui a tordu le cou du roi!
Moi, moi, roi d´Argot, moi j´attendais ça, Les pieds gelés mais la fleur au chapeau, Dans le merdier de la Cour des Miracles, Oui moi, roi d´Argot, j´en rêvais déjà Quand je suis né de la grosse Margot Sur un grabat de la Cour des Miracles...
Regardez bien, vous n´avez jamais vu Tant de miroirs et de statues, Des lustres de cristal aux chandelles de miel Ni de chaises où le cul peut s´arrondir comme un soleil!
Va-t-en, Vava, va-t-en faire les lits Où dormira qui veut dormir, Et que les autres s´aiment à même le tapis, Qu´ils soient bêtes à bon Dieu, bêtes à deux dos, bêtes à plaisir!
Moi, moi, roi d´Argot, ce palais royal, Je m´y installe et j´en fais un bordo Où Cordélia nous fera des miracles, Oui moi, roi d´Argot, je serai chez moi Quand j´aurai fait de ce noble château Le cul-de-sac de la Cour des Miracles...
Vous, les affreux, je vais faire de vous Des maréchaux, des sénateurs! Vous, les filles à soldats, vous aurez des bijoux
Et des bidets d´argent pour rafraîchir vos petits coeurs! Et quant à moi, je vais faire la paix Avec l´Autriche et l´Italie, Je vais organiser, je vais coloniser: Il fallait un voyou pour rajeunir ce vieux pays!
Moi, moi, roi d´Argot, de force ou de droit, Je veux d´abord que l´on crève un tonneau En souvenir de la Cour des Miracles, Oui moi, roi d´Argot, je le sais déjà, Je suis monté sur un drôle de bateau, Bien plus pourri que la Cour des Miracles...