Un soir, je faisais une pleine eau. Pour tout maillot, j´avais la peau, Nul ne pouvait me voir Que le ciel noir. La lune soudain vint s´exhiber,
J´allais lui dire : "Ta bouche, Phoebé !" Quand j´entendis près d´moi Un cri d´émoi. Y avait un homme sur un rocher, Pas assez haut. L´homme a fait "Ah !" et moi, Dans l´eau, Moi, j´ai fait "Oh !"
Il m´a vue nue, Toute nue, Sans cache-truc ni soutien-machins, J´en ai rougi jusqu´aux vaccins. Il m´a vue nue, Toute nue, Je me suis, par respect humain, Voilé la face de mes deux mains. Mais je crois bien
Que par ce geste irréfléchi J´ai négligé d´voiler quelques petits chichis. Il m´a vue nue, Toute nue, Plus que nue.
Pendant qu´il descendait d´ce rocher, Moi, je me suis mise à nager. J´atterris rapid´ment, J´prends mes vêt´ments. Mais, comme un gibier à poil, voilà Qu´il me poursuivit, oh ! là ! là ! J´cours pour le dépister Sans m´arrêter, Et je pensais : Il va me rejoindre bientôt, Pourvu qu´il ne perce pas mon incognito.
Il m´a vue nue, Toute nue, Il était parti comme un dard, Mais je n´ai pas eu de retard Il m´a vue nue, Toute nue. Je suis une jeune fille, c´est net, Un peu dans l´genre de Miss Helyett. Car je me dis, depuis cette fatale nuit, Je n´peux pas épouser un autre homme que lui Il m´a vue nue, Tell´ment nue, Super-nue.