Étant née dans l´ Faubourg Saint-Denis J´ suis comme la miss, une vraie gosse de Paris Ses refrains tendres et moqueurs C´est toute ma vie et j´ les connais par cœur
Dans la pluie et l´ vent J´ai chanté souvent "Moi, j´en ai marre" Quand j´avais pas l´ rond Et qu´ les bons gueuletons Se faisaient rares Mais dans ma détresse Sans cesse J´ pensais Qu´une vie nouvelle Plus belle S´amenait
Or, un beau jour V´là qu´ l´amour Fit battre mon cœur Dans un p´tit bal Près des Halles
J´ai connu l´ bonheur J´ danse la java Avec un beau gars À qui j´ dis bientôt "J´aim ta casquette Tes deux rouflaquettes Et ton bout d´ mégot"
Tous les deux en douce Alors on part bras dessus, bras dessous Assis sur la mousse Il me dit des p´tits mots très doux Pour perdre ma fleur d´oranger J´ai pas dérangé Le maire, le suisse, le bedeau Et des tas d´ badauds On fit ça en douce Et j´ai connu sur le gazon
La grande secousse Et le fameux petit frisson Et lorsque j´ai chaviré J´ai rien dit, rien soupiré Mais j´ai caché ma frimousse Afin de pleurer en douce
Alors, tous les deux Le cœur amoureux Nous vécûmes des jours heureux On faisait une petite belote Après l´ dîner Il me disait "Moi, ça m´ botte Mieux que l´ ciné" Quand il gagnait la partie I´ m´ disait des mots mignons S´il perdait, quelle tragédie ! Alors, i´ m´ flanquait des gnons
Moi, j´ répondais "Tu peux faire tout c´ que tu veux T´es mon homme Sois méchant, sois nerveux, traîne-moi par les cheveux T´es mon homme" Un jour, malgré tout Lasse de recevoir des coups De mon homme Sans rien dire, j´ai caleté Mais, craignant de l´irriter, En cachette, j´ l´ai quitté J´ n´avais plus rien Pas de soutien Juste un gardien Mon pauvre chien Qui m´aimait bien
Et depuis c´ temps-là J´ai eu des hauts, des bas Oui, mais le passé Maintenant, je l´ai passé Paraît qu´ j´ai la binette De mam´zelle Mistinguett Comme elle, avec gaieté Je veux chanter
Je suis une blondinette Une vraie coquette Et dans tout Paris On m´ suit On m´ dit "Gentille blondinette Vot´ nez en trompette Comme il est gentil !"
Mais z´oui
Hé, là-bas ! Monsieur l´ sergent d´ ville Regardez la file De ces imbéciles On m´ suit Ils promettent des châteaux Des perles et des autos Et puis Ils vous donnent la peau La peau !