À la San Isidro Je m´en souviens encore Fiesta de Madrid durant le mois de mai Nous nous sommes aimés On a vu les taureaux
Et le chapeau de paille De la plaza Mayor Où vingt mille affolés rugissent des "Ole !"
À l´image de l´amour La corrida commence Les cœurs des belles dames Autour du torero Papillonnent et dansent Et de maigres chevaux Viennent très faméliques Affronter le trépas Au son d´une copla Comme des clowns tristes
À la San Isidro Souviens-toi d´Ortega Reine des bohémiennes
Qui chantait des poèmes De Garcia Lorca Et souviens-toi encore Des nuits rouges et or De ce chanteur aphone Nommé Fosforito Il avait le physique D´un boucher beau garçon Et ses mains suppliaient Les anges ou les démons Durant le flamenco
À la San Isidro Te souviens-tu ? Dis-moi De ce long torero Que l´on nomme je crois Soluis Solanito Et souviens-toi encore
De l´enfant qui voulut Affronter le taureau Armé d´un paletot Dans le jeu de la mort
Le meilleur ami d´ l´homme N´est pas au paradis Et les maigres chevaux Crèvent sans un ami Sous le soleil de la vie Pendant que le taureau Joue à Colin-Maillard Et meurt debout enfin Caressé par les dames Agitant leurs mouchoirs
À la San Isidro Après la corrida
Dans le soir on respire Doux comme du champagne Le parfum de l´Espagne Je me souviens toujours Du mot que tu laissas Qui m´écorcha d´amour Du viné de ce mois Des corridas sans toi De la belle Carmen Qui dansait à l´auberge Où j´allais retrouver Le souvenir de toi
À la San Isidro Je m´en souviens encore Fiesta de Madrid durant le mois de mai Nous sommes aimés