Tous les gobe-passions, tous les croque-béguins Tous les traîne-z´histoires, tous les ramasse-peines Qui tombent sur le coeur à chaque fois qu´ils aiment
Un jour lancent leur bonnet par-dessus les putains
Ils s´en vont acheter pour deux sous de tendresse Pour quelques francs d´extase selon le cours du jour Et parmi ces esclaves, comme on va à confesse Soupçonneux ils choisissent leur prêtresse d´amour
Tu es libre? C´est combien ? Et quel est ton chef-d´oeuvre? La prise de la Bastille ou Jeanne d´Arc au couvent ? Fais-tu en bas noirs et en guêpière de veuve Le train pour Shanghai Lil et la rose des vents ?
En une et mille nuits, réduits au chronomètre
A un quart d´heure d´orgie, l´ange naît de la bête La glace de l´armoire et les miroirs pervers Aux quatre coins du lit font l´amour à l´envers.
Le travail terminé, elle s´en va la belle Tirant le coffre-fort de sa croupe en sillage On ne saura jamais comment elle s´appelle On n´a même pas osé lui dire : Merci madame.
Et sans un mot d´adieu, au sortir de la chambre Au sortir du tunnel de l´hôtel, en dérut Ils retrouvent les vivants qui usent les dimanches A traîner sous les yeux des mannequins sans but.
Tous les gobe-passions, tous les croque-béguins Tous les traîne-z´histoires, tous les ramasse-peines
Qui tombent sur le coeur à chaque fois qu´ils aiment Ont lancé leur bonnet par dessus les putains.