Mon père était truand, c´était un honnête homme Il n´a jamais tué des gens pour son plaisir Mais quand fallait y aller, y mettait toute la gomme
Et dans le crève-moi ça, pouh, il fallait se l´ farcir
Il avait des copains, des gens pas fréquentables Qui saignaient des bourgeois, comme ça, pour rigoler Qui s´offraient, tous les soirs, quatre ou cinq tours pendables Mon père, apprenant ça, il était désolé
Lui, c´était le boulot à la manière ancienne Il buttait son client sans lui faire de tracas Quelquefois, pour la forme, il cinglait pour Cayenne Pour un an, pour dix ans, ça dépendait des cas
C´était un bon Français dans son genre, une légume
Qui n´avait peur de rien, qui n´ reculait jamais Ah, c´était pas l´ gars costaud, c´était un p´tit poids plume Qu´avait du cœur au ventre et qu´aimait pas l´ paumer
Mon père, c´était un homme comme y en avait naguère Des caïds à tous crins, des durs à cuire, des vrais Qui n´allaient pas s´ vanter d´avoir gagné la guerre Mais qui marchaient tout droit et la conscience au frais
Ah ah ah ! Oh, tout ce que j´ vous raconte là, au fond, c´est des histoires
Mon père, pour tout vous dire, moi, je n´ l´ai pas connu Et j´ raconte ça pour qu´on m´ paye un ou deux coups à boire Arrête ! Et pis j´ ferme ma gueule et pis j´en d´mande pas plus