C´était en l´année mille neuf cent cinquante et un
C´était au mois de mai, dans la ville on était bien Au café de la République, c´est là que je l´ai rencontrée Rencontrée, comme c´était écrit
Elle avait les yeux verts comme de la serpentine Ses cheveux coulaient sur le miel de sa poitrine Dans la chambre de Bab-el-Oued, c´est là que je l´ai déshabillée Pour l´aimer, comme c´était écrit
Viens tous les soirs, à minuit moins le quart Viens tous les soirs, à minuit moins le quart Nous irons à la Casbah, avec Karim et Mustapha Manger du nougat
Et les jours passaient, mais nous ne regardions rien
Ni les arbres en fleurs, ni les gosses, ni les chiens Ni les hommes, ni les soldats qui faisaient leur drôle de métier Qui mouraient, comme c´était écrit
Et puis un matin, c´était un matin normal Elle est descendue pour acheter un journal il y a eu des coups de fusil, elle n´est plus jamais remontée Plus jamais, comme c´était écrit
Viens tous les soirs, à minuit moins le quart Viens tous les soirs, à minuit moins le quart Nous irons à la Casbah, avec Karim et Mustapha Manger du nougat
J´ai longtemps cherché, dans les souks et dans les rues
Et j´ai demandé à tous ceux qui l´ont connue Ce qu´elle avait pu devenir, mais personne ne répondait J´ai pleuré, comme c´était écrit
C´était en l´année mille neuf cent cinquante et un C´était au mois de mai, dans la ville on était bien Au café de la République, c´est là que je l´ai rencontrée désirée, comme c´était écrit
Viens tous les soirs, à minuit moins le quart Viens tous les soirs, à minuit moins le quart Nous irons à la Casbah, avec Karim et Mustapha Manger du nougat