Les filles qui s’appellent Valérie Sont nées sous Georges Pompidou Leurs parents étaient si sexy Tailleur marron et sous-pull roux Elles ont coulé des jours jolis
Entre la maison et l’école Elles rêvaient juste d’être Candy A l’heure de la crise du pétrole
Elles étaient belles Le savaient-elles C’était pas vraiment leur souci Perdues dans leur si grande envie De voir le monde Où se confondent Au travers des films super-huit Les couleurs d’après 68
Les filles qui s’appellent Valérie Devinrent pour moi les grandes sœurs Qui se fichaient de Platini Et à qui le bac faisait peur
Bien-sûr j’étais amoureux d’elles Et bien-sûr elles le voyaient pas Rêvaient de Tom Cruise dans « Cocktail » En écoutant Marcia Baïla
Elles étaient belles Le savaient-elles Ca devenait leur grand souci Mais n’altérait pas leur envie D’ouvrir leurs ailes Sans être celles Considérées à la va-vite Comme héritières de 68
Instru
Les filles qui s’appellent Valérie Aujourd’hui, elles ont quarante ans
Elles ont trois gosses et un mari Qui travaille plus mais gagne autant Elles ont perdu quelques espoirs Et ont gagné quelques kilos Elles aiment en parler le samedi soir Avec les copines du boulot
Mais elles sont belles C’est ce qu’on attend d’elles Tous les matins elles s’en soucient Pour faire plaisir à leur mari Doivent être mère Et faire carrière Se prennent à regretter limite Les conséquences de 68
Les filles qui s’appellent Valérie Un jour auront 80 ans
Attendront le dimanche midi Pour manger avec leurs enfants Elles seront un peu fatiguées Vu qu’elles n’auront plus de retraite Elles continueront d’espérer Bien nostalgiques, leurs rêves tout bêtes
Elles seront belles Le sauront-elles Ca ne sera plus leur souci Elles n’auront plus qu’une seule envie Fermer leurs ailes Sans être celles Considérées à la va-vite Comme héritières de 68