Mon père m´a acheté le jour de mes cinq ans Un saule pleureur bébé qui vivrait après mes cent ans Il s´en est occupé pour qu´il veille sur moi Puis il l´a délaissé comme maman et moi
Le saule pleureur se meurt De l´eau de mauvaise foi Versée par l´arroseur Arrosé cette fois
L´arbre qui nous aimait a cessé de grandir Et, comme pour se venger, s´est changé en chardon Il s´est laissé sécher comme mon sourire Il porte à sa façon nos larmes en fanion
Le saule pleureur se meurt De l´eau de mauvaise foi Versée par l´arroseur Arrosé cette fois
La maison est glacée De mensonges en stalactites
Nos amours sont gelées Bouffées par le mythe Mais d´un si beau fumier L´herbe ne repoussera pas La piste de l´échiquier Le lierre recouvrira
"J´ m´assoupis toutes les nuits près de notre saule pleureur Même s´il n´en reste rien, j´ m´enveloppe encore de son odeur Petit, ses rameaux me couvraient, j´ me sentais dans un cocon Maintenant, ses branches sont sèches, faut couper le cordon Le puits scellé de rancœur, l´amour n´irrigue plus la maison Et, comme nous, y a pas qu´arbuste qu´on a besoin d´affection
J´ai mis trop de fois le doigt entre l´écorce et l´arbre Discours englué de sève, on en a marre des palabres On en a marre des palabres La silhouette du saule mort raconte toujours ses histoires Dans celle-ci, une page se tourne, les feuilles s´envolent au hasard"