Six mètres, plus que six mètres Pour couper la ligne d´arrivée Gerber enfin dans le trophée La pilule amère de la gloire Payer l´impôt de la victoire
Six mètres, rien que six mètres Le corps crucifié au guidon Dans les reins, les crocs du peloton Casser la roue de l´infortune Et le sourire pour la une
- Six mètres, juste six mètres Poing levé, et point à la ligne Brandissant le bouquet d´épines Craquer pour croquer le ruban Avec la rage, avec les dents
- Cinq mètres ! Les plus longs ! Cinq mètres ! Cracher, tituber sur la route Vaciller au doute à goutte Au dernier lacet étrangleur
Boire la coupe jusqu´à la sueur
- Deux mètres ! Et puis le dernier mètre Et soudain, l´envie de plus rien - Ou juste de bloquer les freins L´envie de faire sauter la chaîne D´une overdose d´oxygène
- Déserter à vingt centimètres À vingt centimètres du fil Se fondre et regarder la file - Des autres qui passent devant Les applaudir, le nez au vent Refuser le prix de l´effort D´être le plus beau, le plus fort
- Et puis s´y mettre,
Mais s´y mettre tous ! Ni dieux devant, ni chiens aux trousses - S´y mettre ! S´y mettre tous et plus de maître Que le désir d´être et renaître Se redresser, lever la jambe
- Être ensemble Vainqueurs, tous ensemble - Des millions de prem´s ex aequo - Millions de champions illégaux Ensemble, escalader les marches Tous ensemble, passer sous l´arche
- S´y mettre, plus qu´à s´y mettre Plus qu´à s´y mettre...