Accueil  đŸ’ƒđŸŽ€ Paroles de chanson Française et Internationnales

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Artiste : Petrus BOREL
Titre : Isolement
À GĂ©rard, poĂšte.
—

Les grand’s forĂȘts renouvelĂ©es

La solitude des vallées
Clîses d’effroy tout à l’entour !
Ronsard

Sous le soleil torride au beau pays créole,
OĂč l’Africain se courbe au bambou de l’Anglais,
Encontre l’ouragan, le palmier qui s’étiole
Aux bras d’une liane unit son bois Ă©pais.

En nos antiques bois, le gui, saint parasite,
Au giron d’une yeuse et s’assied et s’endort ;
MĂȘlant sa fragile herbe, et subissant le sort
Du tronc religieux qui des autans l’abrite.

Gui ! liane ! palmier ! mon Ăąme vous envie !
Mon cƓur voudrait un lierre et s’enlacer à lui.

Pour passer mollement le gué de cette vie,
Je demande une femme, une amie, un appui !

— Un ange d’ici-bas ?
 une fleur, une femme ?

Barde, viens, et choisis dans ce folĂątre essaim
Tournoyant au rondeau d’un preste clavecin. —
Non ; mon cƓur veut un cƓur qui comprenne son ñme.

Ce n’est point au théùtre, aux fĂȘtes, qu’est la fille
Qui pourrait sur ma vie épancher le bonheur :
C’est aux champs, vers le soir, groupĂ©e en sa mantille,
Un Werther Ă  la main sous le saule pleureur.

Ce n’est point une brune aux cils noirs, l’air moresque ;

C’est un cygne indolent ; une Ondine aux yeux bleus
Aussi grands qu’une amande, et mourants, soucieux ;
Ainsi qu’en rĂ©flĂ©chit le rivage tudesque.

Quand viendra cette fĂ©e ? — En vain ma voix l’appelle ! —
Apporter ses printemps Ă  mon cƓur isolĂ©.
Pourtant jusqu’aux cyprùs je lui serais fidùle !
Sur la plage toujours resterai-je esseulé ?

Sur mon toit le moineau dort avec sa compagne ;

Ma cavale au coursier a donné ses amours.
Seul, moi, dans cet esquif, que nul ĂȘtre accompagne,

Sur le torrent fougueux je vois passer mes jours.