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đđ€ Paroles de chanson Française et Internationnales
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Titre : Le Rempart
Ă Augustus Mac-Keat, poĂšte.
â
Car voilĂ , lâhyver est passĂ©, la pluye est changĂ©e et
sâen est allĂ©e. LĂšve-toy, ma grandâamie, ma belle, et
tâen vien.
La Bible.
I placevoll abbracciari.
Boccacio.
Donnez-moi votre main, asseyons-nous, ma belle,
Sur ces palis rompus ; tiens, vois la citadelle
Au milieu des ravins ainsi quâun bloc gĂ©ant ;
De lâantique Babel on dirait une marche,
Ou, captive aux sommets des montagnes, une arche
Fatiguant de son poids lâunivers ocĂ©an.
Des qui vive ! lointains, des cliquetis, écoute,
Entends-tu ces clameurs du fort Ă la redoute ?
LĂ , des casques mouvants, des forĂȘts de mousquets,
La herse qui gémit, le bruit des huisseries :
On dirait le donjon semé de pierreries,
Ă ces feux plus nombreux quâen de royaux banquets.
Tu vois, je tâobĂ©is : de mon indiffĂ©rence
Es-tu contente assez ? Pour moi, quelle souffrance !
Ătre seul avec toi sans tâaccabler dâamours !
Non, non, ça ne se peut, tu mâapparais trop belle,
Adieu tous mes serments ; lâamitiĂ© fraternelle
Nâest point faite pour nous : va, je brĂ»le toujours !
Oh ! que tu es enfant ! Respecter des sottises
Et de fats prĂ©jugĂ©s ; te courber aux bĂȘtises
Dâun monde qui nous hait, et qui fait des vertus
Dont rougirait ton Dieu ! Crois-tu de la nature
La voix folle et trompeuse ? Oh ! cesse ma torture,
Si tu neveux régner sur des murs abattus.
Or cet amour auquel tu te montres revĂȘche,
En toi tout le dĂ©cĂšle et tout en toi le prĂȘche ;
Le galbe de ton sein, ton regard souriant,
Ton pas vite et léger, ou ta molle paresse,
Ton organe suave et ta main qui caresseâŠ
Tout force Ă raffolir le plus insouciant.
Avant nous, des amants, qui, sur lâherbe discrĂšte,
Ont passé plus heureux, sais-tu le nom ? coquette !
Qui leur dira le tien ? ce lieu ne trahit pas !
Tu pleures maintenant : oh ! délirante ivresse !
Que ton silence est doux Ă mon cĆur qui sâoppresse ;
JâĂ©touffe do plaisir dans lâanneau de tes bras !
Toi, qui fus si longtemps écho de mon supplice,
Nuit ! prolonge pour moi cette nuit, ce délice.
Que nos tourments sont longs, que nos bonheurs sont courts !
Oui ! je la bĂ©nirais, jâembrasserais la bombe
Qui viendrait nous tuer et creuser notre tombe.
Mais la mort est pour moi sans glaive et sans secours !