Venez, Bretons, venez sous ces érables, Venez danser au son de nos bignous ;
Venez sourire à mes chansons aimables : Dans mon printemps j’ai dansé comme vous ; Mais je faiblis et penche vers la tombe, Demain, hélas ! mes doigts seront glacés !… Venez apprendre, avant que je succombe, Les vieux refrains dont je vous ai bercés.
Souvenez-vous, enfants de l’Armorique, Que la Bretagne est le champ du repos ; Souvenez-vous que, de son sol magique, La Gaule a vu jaillir mille héros. La liberté, qui chérit ce rivage, De ses rameaux couvre vos jeunes uns.
Des Duguesclin gardez bien l’héritage, Car cette terre est vierge de tyrans !
Sur le sommet de ce roc granitique,
Gisent, épars, des autels, des dolmeins. Dans ces forêts, le barde druidique, A VOS aïeux dévoilait leurs destins ! Farouches mœurs ! peuple tout germanique, Qu’ici César reconnaîtrait encor, Votre langage est ce même celtique Qu’à ses guerriers parlait l’Enfant du Nord !
Mais le jour fuit, et les ombres grandissent, Et la vapeur enveloppe nos toits Fuyons ces lieux que les esprits chérissent ; Aux noirs sorciers la nuit rend tous leurs droits. Fuyons ! je vois au loin, sur les montagnes, Les nains danser à l’entour des peulvans ; Et les huars hurlent eu ces campagnes. Fuyons, Bretons, il en est encor temps !