L´autre jour, à la banque, en retirant un peu d´osier Je radiographiais une p´tite biche Qui avait des ch´veux jusqu´aux miches Y avait derrière nous deux vieilles autruches en tablier
Qui bavaient sur les hippies et la jeunesse d´aujourd´hui: "On devrait leur couper les tifs, les passer à tabac" Enrageaient-elles tout bas En tortillant leur cabas C´est à c´moment-là que les gangsters sont arrivés Et le tire-jus sur le pif, d´un air vachard ils ont gueulé:
"À poil, tout le monde à poil! Les petits, les grands Les bons, les méchants!" On a largué nos caleçons Nos fanfreluches en nylon Nos frocs en accordéon Nos sandwiches en saucisson
Nos pistolets à bouchon Et nos complexes bidon Comme une bagnole qui perd ses boulons
Depuis qu´ j´ai maté le directeur d´ ma banque à poil Je comprends avec tristesse Que mon argent l´intéresse Les autruches qui dégrafaient leurs redresseurs de torts Et qui aimaient pas la jeunesse, à mon avis elles avaient tort! Les joyeux malfrats quand ils eurent fini d´vendanger Nous dirent un gentil au revoir D´un coup d´ matraque sur la poire Sans avoir pigé, on s´est retrouvé tout rhabillés
À l´hôpital du quartier où un toubib s´est écrié:
"À poil, tout le monde à poil! Les petits, les grands Les bons, les méchants!" On a largué nos caleçons Nos fanfreluches en nylon Nos frocs en accordéon Nos sandwiches en saucisson Nos pistolets à bouchon Et nos complexes bidon Comme une bagnole qui perd ses boulons
Y a des jours maudits vaut mieux faire comme le pâtissier Qui s´les roule dans la farine Sans s´occuper d´la gamine
Je méditais ça, lorsque je reçus un faire-part C´était mon ami Gaspard qui avait dévissé son billard Le cimetière était bourré de corbillards à fleurs Et nos voisins craignaient fort Qu´on ne mélangeât nos morts Quand soudain on entendit ce cri repris en cœur Par des nudistes en pleurs qui venaient enterrer un des leurs:
"À poil, tout le monde à poil! Les petits, les grands Les bons, les méchants!" On a largué nos caleçons Nos fanfreluches en nylon Nos frocs en accordéon Nos sandwiches en saucisson
C´était vraiment du folklore De voir la tête des croque-morts Qui pour une fois, sincèrement Faisaient une gueule d´enterrement Vous auriez vu mon patron Et mon avocat marron Et mon pompiste mormon La caissière du Gaumont Le type qui vend du saumon Et le mec des contributions