Quand je la vois passer Mon coeur se ramollit Mes nerfs entrelacés Se tendent Je souffre violemment
Mais ne me parlez point D´arracher cette dent Je bande
Je n´ai qu´à la regarder Quand sa lèvre est mouillée Rire de ses yeux vert Amande Noter ses commissions Réfléchir au plafond En suçant son crayon Je bande
Mon corps de supplicié La suit chez l´épicier Et quand elle passe sa Commande Elle dit d´un ton lascif
"Il me faut de la lessive Pour mon petit calcif" Je bande
Je la suis à la messe Fasciné par ses tresses Ensoleillées pendant L´offrande À genoux elle prie Dieu Si joliment cambrée Qu´en plein miserere Je bande
Le regard astiqué Comme un gazon anglais Quand la belle perçut Friande Le douloureux émoi
Qu´elle provoquait chez moi Elle dit "C´est donc pour moi Qu´ tu bandes"
Et la divine enfant M´accorda sur le champ Son petit animal Sauvage Elle vint sur mes genoux Tel un ascenseur fou Pour subir les derniers Outrages
Bien que désemparé Par ces instincts si bas Guidés par mes coupables Glandes Hélas! Monsieur le curé
Rien qu´à vous confesser Tous mes pauvres péchés Je bande
Mon fils, je vous avoue Qu´il m´est très dur de vous Tancer de trop de Réprimandes Vous décrivez si bien L´objet de votre amour Que voilà qu´à mon tour Je bande