Un lit de fer tout blanc et sur la table de nuit Un bouquet d´anémones offert par un ami Un petit transistor qui vous soutient le moral C´est là tout l´univers des p´tits vieux de l´hôpital
Ici, ça sent l´urine et l´huile de Goménol Une femme aux cheveux blancs, tout doucement, somnole Elle attend des nouvelles de son fils qui lui a dit Depuis des mois déjà qu´il viendrait un lundi
Qu´on est loin de son pays natal Quand on se retrouve à l´hôpital
Un poète aux yeux clairs toute la journée fredonne Il y a longtemps déjà qu´il n´attend plus personne Et pourtant il écrit aux postes de radio Demandant aux chanteurs d´envoyer une photo La salle commune est pleine et le docteur regrette
Que pour quarante il n´y ait qu´un cabinet de toilette Et que deux infirmières accablées de labeur Qui sourient et qui grondent mais ne comptent pas les heures
Qu´on est loin de son pays natal Quand on se retrouve à l´hôpital
Ils dévorent en cachette leur paquet de bonbons C´est meilleur que l´endive et l´éternel jambon Mais ces dimanches heureux en famille, en gâteaux Peut-on les remplacer par un triste loto Quel est cet humoriste ou ce génial auteur Qui affirmait que l´argent ne fait pas le bonheur ? Certes il n´effacerait pas l´atroce solitude
Mais rendrait plus humain ce quotidien si rude
Qu´on est loin de son pays natal Quand on se retrouve à l´hôpital