A la porte de Marie-Lou Y a un superbe tapis-brosse On pensait qu´il venait d´Ecosse Tant le toucher en était doux C´étaient les poils du cul de ses amants
Y en avait un blond à Ferdinand Un noir au curé d´Angoulême Un qui déserta récemment Des couilles d´un beau capitaine Les p´tits frisés sont au sergent C´ui qu´est mité au commandant Et tout le reste vient du régiment
Sur la langue de Marie-Lou Y avait un cheveu magnifique Quand elle parlait, c´était comique Mais elle y tenait plus que tout C´était le poil du cul de son amant L´unique poil de Gaëtan Un authentique aristocrate Qui a déploré, sa vie durant, De pas pouvoir s´en faire des nattes C´était pas celui de Constant
Qui en avait fait sa brosse à dents Ni de Germain qui en a qu´un dans la main
Dans la grange de Marie-Lou Y avait un tas de foin superbe On crut qu´elle avait fauché l´herbe Du printemps jusques au mois d´août C´étaient les poils du cul de ses amants Y avait les tout bouclés charmants Des enfants d´ coeur de Saint-Sulpice Trois petits poils phosphorescents D´un Chinois qui avait la jaunisse Et une gerbe de crins blancs D´un morutier du Groenland Les autres venaient des moines du couvent
Sur le matelas de Marie-Lou On s´irritait salement les meules
On l´eût dit plein jusqu´à la gueule De chardons et branches de houx C´étaient les poils du cul de ses amants L´un fut arraché par le vent Du cul d´un prieur de La Mecque Y avait un poil encore fumant Tombé d´une selle de bicyclette Le poil d´un académicien Qui marquait la page d´un livre ancien Tout le restant venait des paroissiens
Sur la tombe de Marie-Lou Dans un beau médaillon ovale, En guise de souvenez-vous, Luisait une touffe de poils C´étaient les poils du cul de ses amants Y en avait trois couleur safran Venant d´un bonze top-model
Un poil roussi appartenant A un p´tit pompier d´ La Rochelle Les Choeurs de l´Armée rouge en ont Trois cents noués par un cordon Les autres étaient aux cosaques du Don !