Un jour mon pèr’ m’a dit je crois fils qu’il est temps D’éclairer ta lanterne au seuil de tes vingt ans A moins de quelque instinct pervers
Tu prendras femme je l’espèr’ Mais pour trouver la bonne il faut chercher longtemps
Ne prends pas cell’ qui est débauchée comm’ un’ bascul’ Ni cell’ qui prie à s’en fair’ péter les rotules Cell’ qui a l’ cerveau où on voit l’ jour Ne prends pas cell’ qui a l’ prix Goncourt Ne prends pas cell’ non plus qui a son permis poids lourds
Ne prends pas cell’ qui dès qu’ell’ sait un’ bonn’ nouvell’ Sort son tire-jus et va chialer dans l’ vermicell’ Ni quand t’es en plein’ béchamel
Cell’ qui s’ gondol’ comm’ un bretzel Prends pas non plus cell’ qui a des g’noux comm’ un’ saut’rell’
Ne prends pas cell’ qui a le cou long comm’ un donjon Celle qui a la bouch’ comm’ le panier des commissions Ne prends pas cell’ qui a l’ nez camard Ni cell’ qui a des cuiss’s de canard Ni cell’ quia un œil à Elbeuf l’autre à Colmar
Ne prends pas cell’ qui est bourgeonnée comm’ un figuier Ni cell’ qui a des narin’s gonflées comm’ un voilier Prends pas cell’ qui a fait Waterloo
Cell’ qui a un’ poitrin’ de vélo Cell’ qui est sexy comm’ un curé sur un prunier
Ne prends pas cell’ qui est grass’ comm’ un’ tringle à rideau Cell’ qui a des grains d’ beauté comm’ un’ tarte aux pruneaux Ni cell’ qui a la pastille en l’air Qui est excitée comm’ un sprinter Ni cell’ qui a mis des nouilles à l’eau dans son moteur
Ne prends pas cell’ qui a les miches au ras du trottoir Ni cell’ qui a les seins su’ l’ côté comm’ des nageoires Ni cell’ non plus qui est complexée
Comm’ le fils d’un citron pressé Choisis enfin ni trop sucrée ni trop salée J’ai esgourdé mon vieux débloquer gentiment J’y ai dit alors papa pourquoi t’as pris maman D’accord c’est ma maman chérie Mais l’est emmerdant’ comm’ la pluie Et y a trente ans que son mari se fait petit Et je te souhait’ bien du bonheur c’est pas fini