Le Christ était cloué sur sa croix d´infamie ; De ses flancs déchirés le sang coulait à flots, Des larmes sillonnaient sa figure blémie, Et sa voix, douce encore, disait à ses bourreaux :
"J´avais semé l´amour ; j´ai récolté vos haines, J´ai jeté la lumière en votre obscurité. Vous m´avez sans pitié chargé de lourdes chaînes, Et pourtant je venais prêcher la LIBERTÉ ! Vous m´avez sans pitié chargé de lourdes chaînes, Et pourtant je venais prêcher la LIBERTÉ !"
J´ai dit : "Dieu te pardonne !" à la femme adultère, J´ai fait de Madeleine une sainte d´amour, À l´esclave j´ai dit : "Relève-toi, mon frère, Car pour toi le soleil brillera quelque jour !" Lorsque vous vous traîniez, rampants, au pied du trône, J´ai parlé, seul, au nom de votre humanité.
Vous m´avez accusé de vouloir la couronne, Et pourtant j´apportais chez vous l´ÉGALITÉ ! Vous m´avez accusé de vouloir la couronne, Et pourtant j´apportais chez vous l´ÉGALITÉ !
J´ai toujours soutenu la faiblesse qui tombe, J´ai toujours partagé vos sincères douleurs ; Au berceau j´ai souri, j´ai prié sur la tombe ; Autant que je l´ai pu j´ai séché tous vos pleurs. Aujourd´hui même encore, à cette heure dernière Où je suis face à face avec l´éternité Du haut de cette croix, je bénis votre terre, Et j´appelle le jour de la FRATERNITÉ ! Du haut de cette croix, je bénis votre terre, Et j´appelle le jour de la FRATERNITÉ !
Ô Christ, vrai précurseur de République en somme
Devant qui l´on jugeait et l´on prêtait serment Tu leur disais : "L´erreur est possible à tout homme ; Pour l´erreur de tout homme il faut être clément !…" Que ton bras quelque jour sur eux s´appesantisse : Les Pharisiens ont peur et, d´un geste éhonté, Ils te chassent de leur inhumaine justice, Toi, la Pitié suprême et la toute Bonté !…