Je suis invité, chez une demoiselle Pour un petit souper au chandelles Ah comme ch´pas habitué à c’genre de régime là Je me suis forcé pour ben faire ça
J´ai sorti mon habit brune des boules-à-mites J´ai shiné comme des lunes mes souliers décrépit Le même déguisement que je portais toujours Pour les enterrements ou que j’passais en cours
Lorsque j´ai sonné au portail d´la coquette J´suis impressionné par le bruit d´la sonnette Les palpitations me zigonnait le cœur Les pieds su´l balcon, et pis la tête ailleurs
Je sentis soudains une sensation forte Lorsque de sa main elle m´ouvrit la porte En me faisant signe d´un grand geste exhalté De pas faire la ligne et pis d’me déniaiser et pis d’entrer
J´avais apporté un cactus dans mon dos R’marquez l´astuce pour le cadeau Elle le reluqua d´un œil si arrêté Ah que depuis c´temps là l’cactus est dans l´entrée
J´avais pris aussi ben soin d´prendre sous mon bras Mon bonnet de nuit ainsi que mon pyjama La fille eut un rire pour le moins dissonant Avais-je l´air de dire qu´j´avais l´air habitant
Elle m´entrainât comme une lunatique Su le p´tit sofa et mis de la musique J´me sentais pogné comme dans un toxédo J´aurais mieux aimé ma vieille ch´mise à carreaux
Elle me suggérât d´un ton très suggestif La pâte de soya en guise d´apéritif J´pas fou du soya mais compte tenu d´la place Ah ben j´ai tété mon tas et pis j´ai trouvé ça tripant
Les accents lubriques de la musique hindou Virent comme un déclic dans ma tête de gourou Surtout quand l´hôtesse eut allumé d´l´encens J´me crû à la messe pour l´espace d´un instant
Après cet instant qui fût interminable Vînt enfin l´moment d´passer à la table J´me disais dans l´fond j´aurais p´t´être dû manger Ça a besoin d´être bon j´chus pas mal affamé
Elle servit du thé pis des griffes de moineaux
D´la laitue grillé pis des araignées d´eau Des algues détrempées, des ailes de chauve-souris J´aurais préféré une couple de souvlakis
Après le repas qui fût d´une platitude À parler d´krischna et pis de ses études La belle m´entraina dans l´fond d´son atilier Après l´granola j´ai eu droit au macramé
Mais après une demie-heure de haute méditation Devant les horreurs de son exposition Ça fait comme à messe quand t´as pas déjeuner J´ai eu une faiblesse j´me sus laissé aller
Su son beau plancher, bois couleurs, naturelles Les pieds m´ont glissé chus tombé su elle Ah qui s´est accrochée aux étagères pleins de pots
Ah qui a tout arraché pis qui est tombé su l´dos
Le reste s´rait trop long à conter jusqu´à fin Ça ferait une chanson jusqu´à demain matin Tout c´que j´peux vous dire c´est qu´tout suite en sortant J´ai été mourir au restaurant