C´est moi la servante du château J´remplis les vases et j´vides les siaux J´manie l´balai et pis l´torchon J´fais la pâtée pour les cochons Et pis la soupe pour les patrons
J´ai pas deux pieds dans l´même sabot J´ai d´la vaillance plus qu´i n´en faut Ici qui c´est qui fait l´boulot... c´est moi...
La baronne c´est une mijaurée Qu´est pas capable de surveiller C´est moi qui dirige la maison J´compte les bouteilles et les chapons Et pis les liquettes du baron Faut avoir comme dit Monsieur l´Maire, Un oeil au bal, l´autre au cimetière Qui c´est qui sue même en hiver... c´est moi...
Faudrait pas croire qu´j´soye un laideron Les gars me courent au cotillon Si n´gardent point leurs mains dans leurs poches Moi j´te leur refile une taloche Même le baron quand il s´approche
Je le chasse à grands coups d´plumeau J´ai d´la vertue plus qui n´en faut Qui s´ra la rosière du hameau... c´est moi...
Quand Mademoiselle dans l´potager Fait la causette à son fiancé Aussitôt je quitte mon torchon Pour surveiller un peu c´qui font Je sais qu´il a de bonnes façons Mais comme disait Monsieur not´ curé "Chauffe un marron ça l´fait péter" Qui c´est qu´a d´la moralité... c´est moi...
Aux noces j´ai dit à mademoiselle "Fleur d´oranger craint pas la grèle" L´évêque est v´nu bénir la fête Mais comme l´bedeau était pompette C´est moi qui a porté les burettes
L´soir quand les époux s´sont retirés J´avais d´la peine à les quitter Qui c´est t-y qui les a bordés... c´est moi...
L´gars Nicolas le riche meunier Pour m´consoler m´a fait trinquer On a dansé sous les lampions Le v´là qui tripote mon jupon Pour voir si c´est pas du coton Moi je l´laisse faire, j´pense au moulin C´est quand i gèle qu´on cueille les coings Qui qu´aura l´homme, qui qu´aura l´grain... c´est moi...
J´serai pas rosière mais j´serai patronne Et je me mettrai z´un chapeau Pour faire visite à la baronne Changement d´herbage réjouit les veaux