[Mokobé] Au départ on n´était pas des esclaves, mais qui en parle? Dans les images qu´on nous renvoie, des villageois remplissent des cales
Envie d´couler des négriers, c´est pas pareil quand t´es renoi On nous vendait comme du café, échangés contre du tabac Chacun sa merde, le language, le nom, il nous ont tout pris Avec mon équipe de nuit, on traînait, c´est hors de prix L´école nous a pas tout appris, dans la ville incognito De nos jours, c´est sans remords, c´est représailles illico Toqués, intoxiqués, bloqués, on a vu pire Débrouille-toi man, qui met des sous dans ta tirelire? Piégés, les sans-papiers, la France, rien à attendre L´immigration qui dérange, quo est pas toujours bonne à entendre
Depuis l´début c´est débrouille-toi Tu tombes, c´est relève-toi Dans l´temps, on était des proies C´était "sale nègre reste à l´étroit", et ouais Marche ou crève avec les bras pris dans les chaînes Les gens ne naissent pas mauvais, ils le deviennent
[Rim´ K] J´ai besoin d´tellement d´billets d´500 E qui tiendraient pas dans une malette L´exil, le mal-être, la survie Faut l´âme d´un corrompu pour s´retrouver au contrôle des manettes L´amour fraternel, c´est dans les grands ensembles qu´j´l´ai appris Pour ma ville Vitry, la rue aussi c´est mes racines Le trafic, dans mes poumons y a encore des traces d´bédo coupé à la paraffine Dinar de la Heum, euros Pour les zinc´ arrivés du bled à la gorge en clandestino On était pauvres avant même de naître Vu le poids de nos histoires on pourrait tout s´permettre
Mes racines riment avec le manque de finances Pour les frères qu´on a perdus, une minute de silence Pour ma ville Béjaïa, combien de temps qu´j´ai pas vu mes terres Le temps m´paraît si long, j´l´exprime d´un coup d´stylo En bon cains-fri, on a toujours su partager J´suis un arbre avec ses racines, qui cache une forêt d´souffrances
[AP] J´ai la couleur d´la misère J´suis noir et fier frère Descendant d´esclaves, on a traversé la mer Chaque jour mes racines m´rattrapent J´pense à retourner au bled, et dans l´rap à tourner la page À plus d´180 dans les virages, ma life défile C´est pas comme au jeu de hasard, ici t´as qu´un seul crédit J´suis nostalgique, à Gwada mon île, ma terre d´accueil Même si les drogues dures ravagent le pays et que le ghetto pleure J´ai les pieds rongés par l´béton J´ai dormi par terre et non pas sur un futon
J´serai toujours lié à mes origines, moi j´suis un vrai pikti Timal, pa fi m´test et c´est en créole que j´t´le dis Regarde-nous, c´est une fusion d´coups durs et de culture On a appris à grandir en s´serrant la ceinture Chaque jour que Dieu fait, j´remercie le Tout-Puissant Et j´comprends le malaise des innocents
[Mokobé] Le teint noir, les cheveux crépus, la gouache comme un KX Persécuté par la police, dix piges dans la pisse Un coup d´boule dans les dents, tu gueules et craches du sang Rien à foutre des mouvements racistes, des Pascal Sevran ??? blessés, on a franchi la ligne verte de l´intégration De toute façon Mis à l´écart comme dans l´passé pour Rosa Parks Égalité, fraternité, respect, une sacrée farce
Esclaves dans nos racines, jusqu´à ce jour rien n´est facile La mixité, le métissage n´a rien d´sauvage, la même rage Et ouais, marche ou crève avec les bras pris dans les chaînes Les gens ne naissent pas mauvais, ils le deviennent